Depuis quelques années un phénomène d’esclavage par ascendance s’abat sur les populations de la région de Kayes. Cette problématique d’esclavage par ascendance est devenue pour bon nombre des ressortissants de ces localités un fonds de commerce dans la sous-région et partout dans le monde. Dès le fœtus de cette tension communautaire, le Collectif des chefs de villages des Communes du Nord de Bafoulabé avait alerté les autorités maliennes afin de tuer le poussin dans l’œuf avant que les liens de sang existant entre les populations depuis des siècles ne soient détruits. Aux dires de Bakary Sissoko, âgé de 90 ans, le chef de village d’Oussoubidiagna, chef de canton de Tomora et représentant de l’ensemble des chefs coutumiers des cinq communes du nord de Bafoulabé : ‘’Dès que nous avons senti l’arrivée de ce problème, nous avions fait des écrits au Premier Ministre, au Ministre de la justice, Garde des Sceaux et des Droits de l’Homme, au Gouverneur, Procureur, Préfet, Sous-préfet, Haut Conseil Islamique, le RECOTRADE. Objectif visé était de prendre des dispositions avant qu’il soit trop tard. Quand les incidents ont commencé, nous avions aussi rencontré le Ministre de la justice, le Ministre d’Etat, de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, les Ministres la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, Colonel-major Ismaël Wagué. Il y’a eu même une rencontre avec le Premier Ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga et quatre autres ministres avec les images des victimes. Nous les avions dit avec des preuves tangibles à l’appui que les victimes ne sont pas des ascendants d’esclaves mais plutôt nos enfants et ceux qu’ils étaient attachés dans les images, nous avions ces gens-là qu’on peut vous montrez si vous le souhaitez. Aussi lors d’une mission organisée par le département en charge de la réconciliation à Bafoulabé et à Kayes, nous les avons montré ces personnes comme élément de preuve. Nous avons même tenté de porter plainte contre les auteurs de ces crimes, en vain. J’ai personnellement rencontré la CNDH. Ce jour j’ai apporté tous les documents. En plus de ces rencontres, nous avions envoyé les journalistes sur le terrain, les huissiers avec les représentants du ministère en charge de la réconciliation mais, aucun de ces rapports n’ont parlé de l’existence de cette pratique chez nous. Nous avions rencontré le Chérif Ousmane Madani Haïdara pour qu’il puisse intervenir avant qu’il n’y ait des morts. Et aujourd’hui il y a malheureusement des morts. Nous avons le sentiment qu’il n’y a pas de droit pour nous, nos gens sont en prison depuis plus d’une année et huit mois maintenant. Parmi eux des chefs de villages, nous avions tout fait pour qu’ils puissent bénéficier même de la liberté provisoire sans succès. Malgré toutes les explications données par les notabilités, une session spéciale de la Cour d’Assises s’est tenue à Kayes du 27 février au 17 mars 2023 condamnant 24 personnes dont une dizaine de personnes à des peines lourdes y compris la peine de mort. Le hic est qu’aucun membre du Collectif des Sans Papiers n’a été condamné. Et pourtant les membres du Collectif sont des catalyseurs de tous ces conflits, notamment l’affrontement de Sabouciré qui a eu lieu le 17 juin 2019 lors d’une réunion organisée par le CSP et qui était même interdite par un arrêté du Conseil communal de la mairie de Kontéla. Aussi le second affrontement a eu lieu à Kénièba et Kamané le 17 juin 2021, lors de la célébration du deuxième anniversaire pendant que le Sous-Préfet de Kontéla, le Préfet de Bafoulabé, le Gouverneur, le Procureur et la Brigade de gendarmerie avaient tous interdit cette célébration afin d’éviter des affrontements. Mais malgré toutes ces interdictions, le CSP a célébré à grande pompe son deuxième anniversaire avec l’instruction du Président du Collectif M. Koundénégoun Diallo installé en France. Plusieurs affrontements de ce genre ont eu lieu dans ces localités suite à la provocation des membres du Collectif des Sans Papiers. Le Collectif des chefs de villages des Communes du Nord de Bafoulabé pointe un doigt accusateur sur le Ministre de la Justice, des Droits de l’homme et de Garde des Sceaux pour n’avoir pas prêté une oreille attentive à leurs cris de cœur. Aussi ce même collectif accuse certaines ONG et organisations des Droits de l’homme national et international pour des accusations à leur égard sans pourtant aucune enquête sur le terrain. Récemment le rapport du 08 mai 2023, produit par des experts des Nations unies (GENEVE), a appelé les autorités maliennes a adopté sans délai une législation pour criminaliser l’esclavage par ascendance dans le pays. Il est important de signaler que ce rapport a bafoué et insulté les efforts déployés par les autorités du Mali, 63 ans après l’indépendance. Un pays où a été rédigé la Charte de Kurukanfouga adoptée en 1236, après la bataille de Kirina, par les représentants du Mandé et leurs alliés.
Il faut rappeler que l’origine de cette déchirure entre les populations de Kayes, notamment les cinq communes du Nord de Bafoulabé est le fait d’un Collectif des Sans Papiers (CSP) qui a été créé par certains ressortissants installés en France, au Canada, aux Etats Unis et partout dans le monde. Son but est d’obtenir des traitements meilleurs en France et dans d’autres pays d’accueil. En effet, ces ressortissants se sont inspirés d’une association créée par la loi 1901 de la France, subventionnée par l’Etat Français, qui tire son l’origine de l’association “Centre Social Protestant (CSP)”, qui a pour mission principale d’aider les candidats réfugiés et autres immigrés en collaboration avec l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA). Aujourd’hui les membres du Collectif des Sans Papier (CSP) ont détourné la mission principale dans leur pays d’accueil respectif pour venir implanter cette association au Mali plus précisément dans la région de Kayes pour en faire un fonds de commerce. Les actes et les actions du Collectif des Sans Papiers sont arrivés à un point que la légitimité des autorités traditionnelles n’est plus reconnue par les membres dudit collectif. Au même moment, S.E le Colonel Assimi Goïta, le Président de la transition, Chef de l’Etat est au four et au moulin pour faire redonner aux légitimités traditionnelles sa place d’antan. Le collectif des cinq communes du Nord de Bafoulabé renouvelle leur appel au Président de la République, S.E le Colonel Assimi Goïta de s’impliquer pour la résolution de ce conflit qui n’a que trop duré.
Y. MARIKO