Le Centre mondial pour la bonne gouvernance dans la lutte antitabac a effectué une analyse sur la pollution environnementale causée par les plastiques contenus dans les mégots de cigarettes et leurs emballages. D’après la recherche publiée en ligne dans la revue « Tobacco Control », en Afrique, les pays ayant les taux de tabagisme les plus élevés contribuent en grande partie aux coûts de la pollution causée par les filtres à cigarettes. Le rapport cite respectivement l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Soudan, le Mozambique, le Kenya et l’Éthiopie.
En effet, « le coût de la pollution environnementale causée par les plastiques contenus dans les mégots de cigarettes et leurs emballages est estimé à 26 milliards de dollars par an, soit 186 milliards de dollars sur 10 ans (en tenant compte de l’inflation) pour la gestion des déchets et les dommages causés aux écosystèmes marins dans le monde entier », selon toujours la revue.
La recherche a évalué le coût économique annuel des déchets plastiques de cigarettes à environ 26 milliards de dollars, dont 20,7 milliards de dollars en dommages causés aux écosystèmes marins et 5 milliards de dollars en coûts de gestion des déchets, soit un total de 186 milliards de dollars sur 10 ans. Ce montant est jugé faible en comparaison aux pertes économiques annuelles causées par le tabac (1,4 trillion de dollars par an). Il peut paraître insignifiant par rapport aux 8 millions de décès liés au tabac chaque année, mais les chercheurs expliquent que « ces coûts environnementaux ne doivent pas être minimisés ». Pour cause : « Ils s’accumulent et peuvent être évités », souligne l’experte.
Il faut noter que « l’estimation s’appuie sur des données de la Banque mondiale, de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de l’Atlas du tabac et du Fonds mondial pour la nature ».
La revue précise que « ces estimations sont basées sur des hypothèses objectives. Les résultats de l’étude soulignent l’urgence de réduire la pollution causée par les déchets plastiques du tabac, compte tenu des implications sanitaires et écologiques potentielles des substances chimiques toxiques accumulées dans les mégots de cigarettes. En outre, elles plaident en faveur de politiques visant à transférer les responsabilités en ce qui concerne la dépollution à l’industrie du tabac, sur la base du principe selon lequel les pollueurs paient ».
Par ailleurs, Léonce Sessou, Secrétaire exécutif de l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (ACTA), membre principal du mouvement mondial Stop Tobacco Pollution Alliance, insiste sur la nécessité de responsabiliser l’industrie du tabac. « Nous devons obliger l’industrie à mettre fin à son habitude de polluer et à réorienter ses fonds vers des campagnes indépendantes et efficaces, conformément à la convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac », a-t-il interpellé.