DIYARBAKIR/ANKARA, Turquie (Reuters) – Plus de 1.600 personnes ont été tuées et des milliers d’autres blessées lundi après un puissant tremblement de terre qui a frappé le sud de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie voisine, dans la nuit de dimanche à lundi.
Le séisme, d’une magnitude 7,8, est le plus important à avoir frappé la Turquie depuis 1999, année où un tremblement de terre de même magnitude avait dévasté Izmit et la région très peuplée de la mer de Marmara, près d’Istanbul, faisant plus de 17.000 victimes.
Il a été également ressenti à Chypre et au Liban et suivi plus tard dans la journée d’un autre séisme de magnitude 7,7.
Il n’a pas été possible jusqu’à présent de déterminer l’ampleur des dégâts causés par le second séisme alors que les secouristes s’efforçaient de dégager les victimes des décombres du premier tremblement de terre par un temps glacial.
Selon l’autorité turque de gestion des catastrophes et des urgences, le séisme a déjà entraîné la mort de 1.014 personnes dans le pays.
Auparavant, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait fait état d’un bilan de près de 6.000 blessés et de 2.818 bâtiments effondrés.
Le président turc, qui s’est exprimé avant le second tremblement de terre, a dit ne pas savoir jusqu’à quel point le bilan humain allait encore s’alourdir après ce qu’il a qualifié de “pire catastrophe depuis 1939” pour son pays.
Erdogan a également précisé que 45 pays avaient proposé leur aide pour les opérations de recherche et de sauvetage.
Plus de 10 équipes de recherche et de sauvetage de l’UE ont été mobilisées, a déclaré à la presse un porte-parole de la Commission européenne. La France va notamment contribuer aux secours.
RECHERCHE DE SURVIVANTS
Des images en direct de la télévision publique turque TRT ont montré l’effondrement d’un bâtiment dans la province méridionale d’Adana après le deuxième séisme. Il n’était pas immédiatement clair si le bâtiment avait été évacué.
En Syrie, des médias officiels ont déclaré qu’au moins 371 personnes avaient été tuées et 1.089 blessées. Dans le nord-ouest de la Syrie, tenu par les rebelles et proche de l’épicentre, un porte-parole de l’Onu a déclaré qu’au moins 255 personnes étaient mortes et 811 avaient été blessées.
À Diyarbakir, les journalistes de Reuters ont vu des dizaines de secouristes fouiller dans les décombres d’un bâtiment effondré à la recherche de survivants.
“Nous nous sommes réveillés avec un grand bruit et de fortes secousses. Il y a eu deux répliques juste après”, a déclaré Meryem, 29 ans, originaire de la ville de Kahramanmaras, dans le sud-est de la Turquie, près de l’épicentre.
Des images diffusées par CNNTürk ont montré que le château historique de Gaziantep, proche de la frontière avec la Syrie, avait été gravement endommagé.
“COMME L’APOCALYPSE”
D’autres images circulant sur Twitter ont montré deux bâtiments s’effondrant l’un après l’autre à Alep, en Syrie. Deux habitants de la ville, déjà fortement endommagée par les années de guerre civile, ont déclaré que les bâtiments étaient tombés dans les heures qui ont suivi le séisme.
“C’était comme l’apocalypse”, a déclaré un habitant de la ville syrienne d’Atareb, Abdoul Salam al Mahmoud, contacté par Reuters.
Dans la capitale syrienne Damas, de même que dans la capitale libanaise Beyrouth, des habitants ont fui à pieds ou en voiture par crainte de l’effondrement de leurs immeubles, ont déclaré des témoins.
Le président syrien Bachar al Assad a tenu une réunion d’urgence pour examiner les dégâts en Syrie et discuter des prochaines étapes, a indiqué son bureau.
Damas a sollicité l’aide d’Israël qui va la lui accorder, a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
A Chypre, où les secousses ont également été ressenties, aucun dégât n’a pour l’heure été signalé par les autorités. De son côté, l’Italie a levé l’alerte au tsunami qu’elle avait un temps déclenchée.
(Reportage Umit Ozdal à Diyarbakir, Ece Toksabay et Nevzat Devranoglu à Ankara, Ezgi Erkoyun à Istanbul ; avec Akriti Sharma à Bangalore, Maya Gebeily à Beyrouth, Suleiman al-Khalidi à Amman, Kinda Makieh à Damas, Jonathan Spicer et Daren Butler à Istanbul, Dominic Evans et Josephine Mason à Londres ; version française Jean Terzian, Dagmarah Mackos et Augustin Turpin, édité par Blandine Hénault et Tangi Salaün)