Les Jeux olympiques approchent et les pays participants ont dévoilé leurs listes d’athlètes. Comme souvent, cela peut donner lieu à contestation lorsque certains estiment que les critères n’ont pas été respectés. C’est le cas au Niger. Deux nageurs ont été sélectionnés sur le 50 mètres nage libre : Salima Youssoufou chez les femmes et Marouane Mamane chez les hommes. Le choix de ce jeune de 15 ans ne passe pas auprès de Mokhtar Albachir. Celui qui a participé aux JO 2016 pensait avoir fait l’essentiel en surmontant de nombreux obstacles pour venir s’entraîner en Europe et relever le défi d’une qualification olympique. Il dénonce aujourd’hui les arrangements et la corruption au sein de sa Fédération.
Un temps de 26 secondes et 14 centièmes : c’est le dernier chrono de Mokhtar Albachir lors des interclubs de Belgique, en juin dernier. Un temps modeste certes, mais toujours 6 secondes plus rapide que celui du nageur retenu par la Fédération nigérienne pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Et sur 100 mètres, c’est même 14 secondes qui les séparent.
« Ils vont tout faire pour que tu ne puisses pas progresser »
Participant aux Jeux de Rio, Mokhtar Albachir a surmonté les entrainements dans une piscine d’hôtel de Niamey et les blocages de visa pour cause de putsch dans son pays, pour s’offrir une dernière chance à Charleroi en Belgique, auprès d’un coach qu’il connait bien.
Pour lui, son éviction est cynique et révélatrice des dérives de sa Fédération. « Le meilleur nageur doit représenter son pays pour les Jeux olympiques, lance-t-il au micro de François Mazet. Mais, du coup, chez nous, c’est le contraire : ils favorisent un nageur de leur côté qui figure derrière moi dans tous les temps. Ce sont des menteurs professionnels. Ils vont t’utiliser un certain moment, puis ils te laissent. Quand ils voient que tu as l’amour du travail, ils vont tout faire pour que tu ne puisses pas progresser ».
« La Fédération n’a même pas su qu’il allait en Belgique »
Le président de la fédération nigérienne, Daouda Adamou, se dit « déçu » par ces attaques. Il estime que Mokhtar Albachir a laissé passer sa chance lorsqu’il a bénéficié de bourses olympiques après Rio et qu’il a coupé les ponts avec la fédération : « La Fédération n’a même pas su qu’il allait en Belgique. Nous sommes une structure formelle. On ne peut pas donner des papiers à quelqu’un qui est parti à l’aventure, avec un soi-disant entraîneur. Et il ne peut pas s’appuyer sur la Fédération. »
Le recours de Mokhtar Albachir auprès de la Fédération internationale de natation (Fina) est resté sans suite : il devra regarder son jeune compatriote de 15 ans monter sur le plot de départ le 1er août prochain.