Pour aller vers les échéances électorales devant mettre fin à la transition, l’Etat a besoin de ressources financières. Une équation non encore résolue.
Les autorités de la transition malienne tiennent énormément à la question de la souveraineté du pays, en particulier dans ses relations avec ses partenaires. Et, c’est dans ce sens que le pouvoir du Col Assimi Goïta a édicté les trois principes sacro-saints de l’action publique, à savoir le respect de la souveraineté du Mali, le respect de ses choix stratégiques concernant ses partenaires et la prise en compte des intérêts du peuple malien.
Seulement, dans l’application rigoureuse de ces principes, le Mali a fini par sonner la rupture d’avec certains de ses partenaires traditionnels, dont la France et, dans une certaine mesure, l’Union Européenne (influencée par Paris). Et c’est cette rupture qui affecte, dans une certaine mesure, la bonne santé des finances publiques du pays. Car, doit-on rappeler que l’aide budgétaire s’est amenuisée de façon drastique ? Cet appui conséquent avec plusieurs milliards de nos francs ne constitue-t-il pas aujourd’hui un important manque à gagner pour le fonctionnement politico-institutionnel de l’Etat ? Comment alors entreprendre les réformes politiques et institutionnelles souhaitables sans cet appui financier, surtout dans un pays confronté à de gros efforts au plan de la défense et de la sécurité ?
C’est ce qui fait que pour l’évolution de la transition, l’on constate des lenteurs excessives liées à la nécessaire mise en place de l’arsenal législatif et règlementaire devant préparer les élections.
C’est dans ce sens que, lors de l’annonce du « léger report » de l’élection présidentielle prévue pour février 2024, le gouvernement parlera du retard dans la prise en compte des nouvelles dispositions constitutionnelles dans la loi électorale. En clair, certains textes majeurs ont besoin d’être toilettés et leur application pourrait générer des charges financières, qui grèveront le budget de l’Etat. Alors que le pays est confronté à des difficultés de trésorerie.
En outre, les questions liées au toilettage du fichier électoral et au processus électoral lui-même nécessitent des dépenses financières, dont au moins une partie devrait précédemment être assurée par la MINUSMA ou l’Union Européenne, à travers divers programmes. Mais, à présent que ces mécanismes ont été élagués, du fait de la rupture avec la mission onusienne et du froid avec l’UE, le Mali se retrouve dans une situation de devoir trouver une autre solution… Et, pour le moment, les partenariats avec la Russie, l’Allemagne, la Chine et d’autres ne permet de combler ce «trou d’air ».
Par ailleurs, la question déterminante du financement autonome du coût des futures élections se pose avec acuité. C’est au point que le gouvernement de transition a fini par annoncer l’abandon de toutes les autres consultations électorales auparavant prévues dans le chronogramme. C’est pourquoi le gouvernement s’est finalement résolu à n’organiser que l’élection présidentielle et laisser le soint au prochain pouvoir de tenir les autres scrutins.
En clair, le « prix à payer » pour la réaffirmation de notre souveraineté est assez salé ; et cela semble contraindre à prolonger la Transition. Une sorte de recul pour mieux sauter ? Les observateurs en font le pari, non sans appréhensions et soupçons relatifs à une volonté de confiscation du pouvoir.
C’est ce qui pousse certains acteurs sociopolitiques à plaider à une réorientation de la politique étrangère du pays, pour rabattre les cartes et tenter de renégocier d’autres mécanismes de partenariats et/ou de financements. Le col Assimi Goïta finira-t-il par s’inscrire dans cette dynamique pour sauver le pays de nouvelles…déflagrations? Wait and see !
Boubou SIDIBE/maliweb.net