Une fille du président nigérien déchu Mohamed Bazoum a accusé vendredi son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, d’être « le cerveau » du coup d’Etat militaire qui a renversé son père il y a neuf mois, le 26 juillet 2023.
M. Bazoum et son épouse sont détenus dans l’enceinte de la résidence présidentielle à Niamey depuis ce jour dans des conditions spartiates.
« Il est très pénible pour nous de savoir que leurs bourreaux sont des personnes que nous connaissions et avec lesquelles nos relations étaient cordiales », écrit Hinda Bazoum dans une tribune publiée par le site du journal nigérien L’Autre Républicain.
Mais, ajoute-t-elle, « le plus dur à accepter était de découvrir que Mahamadou Issoufou était le cerveau qui a tout orchestré par égocentrisme et pour protéger ses intérêts personnels. Le coup d’État serait le moyen qui lui permettrait de revenir au pouvoir après une courte transition militaire au cours de laquelle serait adoptée une nouvelle Constitution ».
« Lui, qui a pourtant côtoyé nos parents pendant 33 ans et qui nous a vus grandir », écrit-elle, ajoutant: « Lui, l’ami et frère de papa, le trahit de la manière la plus lâche et cruelle ».
Elle affirme que la « dernière trouvaille » de M. Issoufou « a été de faire introduire une requête à la cour d’Etat nouvellement créée pour demander la levée de l’immunité de notre père, puis sa condamnation par le tribunal militaire ».
« Ce serait pour le rendre inéligible de manière » à ce que l’ancien président soit « le seul candidat » de son parti qui est aussi celui de M. Bazoum, en cas d’élection présidentielle à la fin de la transition.
Hinda Bazoum affirme que pour elle et ses soeurs, « nos vies n’ont plus aucun sens et se sont arrêtées le 26 juillet ». « En effet, mes sœurs et moi sommes bouleversées et meurtries, car nos derniers échanges avec nos parents remontent au 18 octobre 2023 ».
« Nos parents sont coupés du monde et enfermés dans un espace restreint sans avoir le droit de sortir prendre l’air, ni recevoir de visite. Depuis neuf mois, ils n’ont pas vu la lumière du soleil et n’ont parlé avec aucune personne, hormis un médecin qui passe les voir deux fois par semaine », affirme Hinda Bazoum.
Elle « lance un appel à l’opinion nationale et internationale pour qu’elle se mobilise afin de mettre fin à cette épreuve cruelle pour notre famille ».