Le coup d’État qui a eu lieu au Niger en juillet a été sanctionné par la Cédéao. Fin décembre, ces sanctions ont pour effet de déstabiliser l’économie du pays. Au Niger, il devient de plus en plus compliqué de retirer de l’argent.
Devant l’une des premières banques du Niger, à Niamey, la capitale, la file d’attente déborde sur la route et la foule s’impatiente. Faute de liquidités, les distributeurs automatiques se vident et les guichets sont débordés. Plus de quatre mois après le coup d’État de l’armée, qui a eu lieu le 26 juillet, les banques sont au bord de l’asphyxie. Dans ce pays, parmi les plus pauvres au monde, l’inquiétude grandit. Dans un rapport diffusé jeudi 14 décembre, la Banque mondiale et les Nations unies alertent sur les risques d’une crise économique si les sanctions de la Cédéao ne sont pas levées d’ici fin janvier.
À Niamey, dans l’espoir de retirer quelques billets, Ousseni Adamou, qui est fonctionnaire, enchaîne depuis 7 heures du matin les allers-retours entre le guichet et son bureau. « J’ai inscrit mon nom, j’avais le numéro 75, raconte-t-il. Je suis parti au bureau et ils ont dépassé mon numéro donc je me suis ré-inscrit et j’ai trouvé la liste au niveau des numéros 300. Là, je suis revenu vers 11h30 et ils en sont encore à 260. Maintenant, la liste va jusqu’à 500 et quelques. Et là, on vient de m’informer que la machine n’a plus d’argent et on attend qu’elle soit approvisionnée ».
Il va donc devoir revenir dans l’après-midi. Retirer son salaire est devenu un casse-tête, surtout que face à la pénurie de billets, les retraits sont limités à 50 000 francs CFA par jour et par personne, soit 70 euros.
« C’est la troisième fois que je passe pour avoir mon salaire du mois de novembre. Et je ne l’ai toujours pas en entier. »
Ousseni Adamou, un fonctionnaire vivant à Niameyà franceinfo
À côté, un homme a le numéro 260. Il souffre d’une rage de dents et a besoin de liquide en urgence pour consulter un médecin : « Malheureusement, c’est impossible à cette allure. Je suis obligé de reporter ça. C’est partout la même chose. Il n’y a pas vraiment de banque stable ».
Au Niger, les sanctions de la Cédéao frappent durement les habitants dont plus de 40 % vivent sous le seuil de pauvreté. À l’université de Niamey, l’économiste Ali Rabiou s’inquiète des conséquences dévastatrices pour la population. « Plus ça dure, plus ce sont les plus faibles qui supportent les conséquences, analyse-t-il. Quand il y a un manque de liquidités, quand il n’y a même pas de farine pour faire le pain, s’il y a une seule assiette de riz restante au Niger, elle sera mangée au sommet de l’État. Elle sera servie aux nouvelles autorités, pas à la population. Les mesures de la Cédéao ont produit des effets contreproductifs ».
En attendant, la junte au pouvoir poursuit son bras de fer avec la Cédéao. Cette dernière réclame toujours la libération de l’ancien président séquestré depuis fin juillet par les militaires, et également, une transition de courte durée.