Les pays occidentaux, partageant un héritage culturel et politique commun, ont souvent démontré une solidarité notable dans les affaires internationales. Cette tradition de soutien mutuel, ancrée dans des valeurs démocratiques partagées et des intérêts économiques et sécuritaires convergents, a façonné de nombreuses décisions et interventions sur la scène mondiale. Cependant, cette unité n’est pas infaillible et peut être mise à l’épreuve par des situations complexes et des intérêts divergents.
Un exemple frappant de cette dynamique est la situation récente au Niger, où les États-Unis ont pris une direction différente de celle de leur allié traditionnel, la France. En reconnaissant les autorités de transition nigériennes, les États-Unis ont dévié de la ligne habituelle de solidarité occidentale, soulignant ainsi que les principes de souveraineté nationale et les stratégies géopolitiques individuelles peuvent parfois prévaloir sur les alliances traditionnelles.
Les USA privilégient leurs intérêts
Les États-Unis ont confirmé implicitement leur reconnaissance des autorités nigériennes de transition, marquant un tournant significatif dans les relations internationales au Niger. La présentation des lettres de créance de l’ambassadrice américaine Kathleen Fitzgibbon au ministre des Affaires Étrangères nigérien, Bakary Yaou Sangaré, le 2 décembre 2023, symbolise cette nouvelle orientation. Cette démarche s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays, notamment la Chine, la Russie et des nations du Golfe, ont choisi de respecter la souveraineté du Niger, favorisant le dialogue plutôt que l’affrontement.
Parallèlement, la France, autrefois alliée de premier plan du Niger, se trouve dans une situation délicate. Le président français Emmanuel Macron a été contraint de rapatrier son armée du Niger, rappelant l’ambassadeur Sylvain Itté qui avait été expulsé en bonne et due forme. Cette situation radicale peu diplomatique fait suite à des tensions croissantes entre la France et le régime militaire nigérien, qui a pris des mesures drastiques telles que le retrait des immunités diplomatiques de l’ambassadeur français et la dénonciation des accords militaires bilatéraux.
La France a ainsi perdu un bras de fer diplomatique crucial. Les régimes militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso, unis dans une alliance défensive, rejettent l’influence française perçue comme néocoloniale. En contraste, la Chine montre une flexibilité diplomatique remarquable. Le général Salifou Mody, ministre de la Défense du CNSP au Niger, a reçu l’ambassadeur chinois, JIANG Feng, qui a réitéré le soutien de la Chine à la transition nigérienne.
Les USA sur la même longueur d’onde que la Chine
L’approche américaine, moins conflictuelle que celle de certaines organisations sous-régionales, témoigne d’un changement de stratégie dans la région. Les États-Unis, en reconnaissant le gouvernement de transition, semblent privilégier une approche plus mesurée et respectueuse de la souveraineté nigérienne. Cette politique contraste avec les actions précédentes de la France qui privilégiait une logique interventionniste.
La situation au Niger révèle une nouvelle dynamique géopolitique en Afrique francophone. Le retrait de la France et l’implication croissante d’autres puissances mondiales comme les États-Unis, la Chine et la Russie signalent un changement d’équilibre dans l’influence régionale. Ces développements pourraient avoir des répercussions significatives sur les relations internationales et la stabilité dans la région.
La décision américaine de reconnaître les autorités de transition au Niger, juxtaposée au retrait forcé de la France, marque un moment charnière dans l’histoire politique du Niger et de l’Afrique de l’Ouest. Cette évolution souligne l’importance croissante de la diplomatie et de la reconnaissance de la souveraineté nationale dans un monde multipolaire.