Les avocats du président nigérien Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’Etat le 26 juillet 2023 et détenu depuis par les militaires au pouvoir, ont demandé une nouvelle fois à la Cedeao d’exiger sa libération, deux jours avant un sommet de l’organisation ouest-africaine.
« Le collectif international des avocats du président de la République du Niger Mohamed Bazoum demande instamment aux chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) d’exiger la libération immédiate du président et de son épouse Hadiza à la veille du sommet » de l’organisation, qui se tiendra dimanche à Abuja, a-t-il écrit dans un communiqué transmis vendredi à l’AFP.
« S’il n’y avait pas eu le renversement anticonstitutionnel au Niger il y a près d’un an, le président Bazoum siégerait parmi les chefs d’État réunis à Abuja ce week-end », a affirmé Me Mohamed Seydou Diagne, coordonnateur du collectif, cité dans le document.
Le couple est détenu « arbitrairement », depuis le coup d’Etat survenu il y a près d’un an, ajoute le collectif.
Il rappelle que M. et Mme Bazoum « n’ont jamais été présentés à un magistrat et n’ont pas été informés de l’existence d’une quelconque procédure à leur encontre. Depuis le 19 octobre, ils sont totalement coupés du monde extérieur et personne n’est autorisé à leur rendre visite, hormis leur médecin ».
L’immunité du président déchu a par ailleurs été levée mi-juin par la Cour d’Etat du Niger, plus haute juridiction du pays, créée par le régime militaire arrivé au pouvoir lors du coup d’Etat.
Cette décision fait craindre un procès de M. Bazoum, accusé par le pouvoir de « complot d’attentat à la sécurité et l’autorité de l’Etat », « crime de trahison », « faits présumés d’apologie du terrorisme » et de « financement du terrorisme ».
« La situation est très grave. La voie est libre pour que le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, régime militaire au pouvoir, ndlr) juge et condamne le président Bazoum à la peine capitale », a craint Me Moussa Coulibaly, un autre de ses avocats.
« C’est la responsabilité des autorités de la Cedeao de s’assurer que leur pair, président élu démocratiquement, ne soit pas oublié, ne croupisse pas dans une détention arbitraire et surtout ne paye pas de sa vie son engagement pour l’État de droit », a ajouté Me Diagne.
La veille du sommet de la Cedeao se tiendra celui de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le premier réunissant les chefs des régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, réunis dans cette coopération pour l’instant économique et de défense.