Après avoir vivement condamné le putsch contre Mohamed Bazoum et soutenu les sanctions et les menaces d’intervention militaire de la Cedeao contre le nouveau régime militaire, Patrice Talon a finalement compris que le président déchu ne retrouvera plus son fauteuil présidentiel. Hier jeudi 21 décembre, alors qu’il prononçait son discours sur l’état de la Nation devant le Parlement à Porto-Novo, le numéro un béninois a tendu la main au Niger et aux autres pays de la Cedeao dirigés par des militaires, arguant qu’il y avait un temps pour « condamner, un temps pour exiger et un temps pour faire le point, voire prendre acte ».
« Le Bénin n’a jamais souhaité que les sanctions » compliquent « le quotidien des populations »
Nous exprimons « notre volonté de voir se rétablir rapidement les relations entre le Bénin et les pays où des coups d’État sont intervenus pour remettre en cause les processus démocratiques » a déclaré le locataire du palais de la Marina, non sans rappeler que son pays restait toujours opposé à la prise de pouvoir par les armes.
En ce qui concerne les sanctions des organisations régionales contre le Niger et les autres nations sous régimes militaires, M. Talon a laissé entendre que le Bénin n’avait pas l’intention de « compliquer le quotidien des populations » de ces pays.
« Il est clair que le Bénin n’a jamais voulu ni souhaité que les sanctions imposées par les instances communautaires aient pour effet de compliquer le quotidien des populations, de leur rendre la vie encore plus difficile. C’est pourquoi notre diplomatie n’a pas manqué d’adresser de manière discrète et répétée des messages à ces pays frères, notamment le Niger » a expliqué Patrice Talon.
Un discours difficile à croire
Seulement, ces mesures punitives de la Cedeao contre le Niger ont un peu plus précarisé les conditions de vie des Nigériens. Le chef de la junte a même parlé de décès de malades à l’hôpital parce que le pays est privé d’électricité et de produits pharmaceutiques. Laisser croire aux Nigériens qu’on ne voulait pas compliquer leur quotidien en soutenant les sanctions de la Cedeao semble difficile à comprendre.
Qu’espéraient vraiment Patrice Talon et sa diplomatie à travers ces messages discrets et répétés qu’ils envoyaient à la junte ? Qu’elle réinstalle M. Bazoum dans son fauteuil présidentiel alors que la Cedeao avait déjà brandi le glaive ?