Ayant joué un rôle déterminant en tant qu’acteurs majeurs de la révolution de mars 1991, les travailleurs du Mali, regroupés au sein de la première centrale syndicale l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), ont opté pour le OUI au referendum constitutionnel du 18 juin 2023. Cette décision prise le 30 Mai 2023 au CICB, par le 18ème Conseil central de l’UNTM, est vue par le Secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé comme un «devoir de solidarité générationnelle» qui conduit à «être la porte voix de nos aînés qui, on le sait, sont les vrais acteurs de la chute de la dictature militaro-technocratique de l’UDPM et de la IIème République». Il faut voter Oui pour la nouvelle constitution qui, à bien d’égards, est plus avancée que celle de 1992, selon le leader des travailleurs.
«Votez, et faites voter les travailleuses et travailleurs selon les mots d’ordre de la Centrale. Évitez le clanisme, le militantisme aveugle et intéressé dans des formations politiques qui ne vous aimeront jamais», avise le secrétaire général de la puissante centrale syndicale du Mali, l’UNTM. Les mots d’ordre de la Centrale, c’est de «voter Oui pour la nouvelle constitution qui, à bien d’égards, est plus avancée que celle de 1992», a indiqué le leader des travailleurs, Yacouba Katilé.
Les travailleuses et travailleurs à la base attendent des dirigeants, le combat pour plus d’égalité de chances, de justice sociale, de non-discrimination pour être libérés des lourdeurs paralysantes qui les accablent au plus profond d’elles et d’eux-mêmes. «Nous savons quels efforts vous et nous déployons pour la restauration d’un climat serein de développement, illusoire avec des personnels non compétents, illusoire dans un contexte d’effritement de l’autorité de l’Etat lié à l’absence de gouvernance convenable de crises politiques soufflant en bourrasques sur tout le territoire», relate le secrétaire général Yacouba Katilé, dans son discours au conseil central, en présence de ses camarades membres du Conseil Central, des membres du Bureau de l’UNTM, et de nombreux invités.
Il a rappelé qu’il a toujours fallu des mouvements de taille, dont celui que l’UNTM a initié, et qui a conduit à l’instauration du pluralisme démocratique. Le devoir de mémoire veut qu’on se rappelle en l’occurrence la décision courageuse du conseil central extraordinaire de l’UNTM en 1990, qui s’est prononcé pour l’ouverture démocratique au Mali. Cette décision similaire a été prise par le Barreau malien marquant un tournant décisif pour notre pays, car la IIème République allait tomber le 26 mars 1991.
En ce moment solennel d’ouverture du 18ème Conseil Central, Yacouba Katilé a été tenté par un remue-ménage de la conscience en esquissant le bilan social, économique du Mali. Selon lui, «Si ce bilan est un acquis, ce que je ne crois pas, alors le syndicalisme malien est dans la bonne voie. Le contraire veut dire que nous devons nous recentrer sur la réalisation des idéaux fondateurs du syndicalisme universel».
Il a souligné la présence de l’UNTM au carrefour de tous les grands évènements du parcours du peuple vers un destin de prospérité : lutte contre la pauvreté, la maladie, la sous-scolarisation, la faim, bref le sous-développement; et aussi pour les travailleurs, le respect de la liberté syndicale, le logement, la justice sociale, l’amélioration des conditions de vie. Mais au fil des gouvernements et des régimes qui ont des liens de continuité, «peuple et travailleurs vivent toujours traqués par les besoins vitaux, et essentiels». Le constat est au manque d’emplois, à l’Ecole qui périclite. Travailleuses et travailleurs, populations des campagnes et des cités urbaines, malgré un « boom » architectural, sont en train de vivre comme si « nous n’avons pas bougé ». On a fini d’être le grenier de l’Afrique occidental, fini d’être le pays de l’élevage, donc de la viande, le premier dans la capture des espèces de poissons fluviales, a déclaré Yacouba Katilé. Le peuple ne voit rien qui brille malgré notre richesse en or. «Sommes-nous dans une République où l’on naît égal aux autres, sans discrimination aucune, avec une égalité de chances ?», s’interroge le syndicaliste. C’est l’inégalité devant les ressources et l’accès au services sociaux de base, pendant que d’autres ont le privilège d’aller se soigner dans les hôpitaux et traitements de pointe d’Europe ou d’Afrique du Nord
Le secrétaire général de l’UNTM a lancé un vibrant appel à d’autres Centrales, d’autres syndicats libres, autonomes, catégoriels à l’union sacrée, au pacte social pour construire un destin loin des turpitudes, de la corruption, de la gabegie. «Plus que jamais, sachant que les malheurs qui nous tombent dessus depuis des années sont dus à la mauvaise gouvernance, à la badinerie, au népotisme, nous devons ceindre les reins pour qu’au pouvoir arrivent des vertueux, sans armes, sans filouterie, dans la crainte d’Allah le seul bienfaisant, miséricordieux et Tout Puissant».
Il a invité à faire obstacle à des partis politiques coupables des dérapages les plus dangereux pour le pays, qui pourraient encore se mettre ensemble pour reconquérir le pouvoir et retomber dans la mal gouvernance.
B. Daou