Dès les premiers jours du régime de la Transition, cette bonne dame a vite attiré les attentions. Dans l’esprit collectif, elle est apparue comme l’une des meilleurs ministres que la Transition a pu faire découvrir et offrir au Mali. Il s’agit de Mme Dembélé Madina Sissoko, la cheffe du département des Transports et des Infrastructures. Mais au fil du temps et des épreuves, l’opinion publique nationale, dans sa majorité est convaincue qu’elle serait plutôt meilleure dans la parlotte mais jamais dans l’action. Même là, ses diatribes concernent seulement le domaine des transports, mais jamais des infrastructures, notamment routières. Par manque de vision le pays ne dispose plus de routes, même celles laissées par le régime combattu et déchu sont parties en lambeaux.
Quand la route va tout va, aimait répéter à satiété l’ancien Président ATT. Mais cette belle assertion est jetée dans les décombres de l’oubliette depuis l’avènement du régime de Transition à la faveur du coup d’Etat du 18 août 2020. De cette date à nos jours, les Maliens sont devenus nostalgiques des grandes cérémonies d’inauguration d’infrastructures routières, à l’instar des échangeurs de Ségou sous IBK. Pourtant, selon de nombreuses sources, d’énormes projets de construction, de rénovation et d’entretien routiers étaient déjà tous ficelés avec des financements acquis au moment où les actuels hommes forts du pays arrivaient aux affaires. Que sont-ils devenus ? Les fonds ont pris d’autres directions ? Les marchés d’exécution ont-ils terminés en eau de boudin, car tombés dans les escarcelles des entrepreneurs et prestataires véreux ?
En attendant de trouver des réponses à chacune de ces questions, ce qui reste évident relève du fait que la situation délabrée de nos routes n’est pas à l’ordre du jour au niveau du département de tutelle. Son chef crève l’écran d’abord dans un autre domaine pour mieux renflouer ses caisses. Dans ce chapitre, la ministre Dembélé Madina Sissoko apparaît en véritable championne de décisions impopulaires. Ce, sans se soucier de ce qui est primordial. Or, il est difficile de réglementer le domaine des transports, réduire les accidents de circulation sans investir dans les infrastructures routières. Au lieu de prendre à bras le corps cette question, la patronne des Transports et des Infrastructures s’évertue dans des sorties publiques pour évoquer dans la plupart des cas, les questions sur la circulation routière, les vitres teintés des véhicules, les tricycles et les corbillards. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, sauf que tout cela se passe au prix fort de la sueur du front du pauvre contribuable. A chaque exercice budgétaire, les taxes, les prix de vignettes et autres pièces pour les véhicules, engins à deux ou trois roues prennent de l’ascenseur. Et à chaque relecture des textes, comme un abus de pouvoir, on assiste à la surtaxe des sanctions routières. Ce faisant, notre pays, sans même disposer des voies adaptées à la circulation dispose du barème des contraventions le plus élevé de la sous-région. Cela, sans parler des tarifs de péages et de pesages sur les différents axes routiers, souvent impraticables. Dans ce domaine, nos autorités donnent l’impression que gérer c’est seulement sanctionner ou abuser des usagers. Car elles savent qu’il n’existe plus d’organisations crédibles de défense des droits des consommateurs. Pendant ce temps, presque aucune route n’est praticable dans le pays et dans les villes, surtout en cette période d’hivernage. Le département en charge des infrastructures routières s’intéresse et communique seulement sur les réglementations et sanctions à l’encontre des usagers et reste silencieux sur sa vision et son devoir en matière de réalisation, rénovation et entretien des infrastructures routières. A chaque fois qu’on évoque la question du fonds d’entretien routier, la Ministre Dembélé renvoie la balle aux collectivités territoriales. A quoi servent donc toutes ces agences (Ageroute, Agétier, Autorité routière, Anaser…) et services rattachés qui émargent sur le budget d’Etat ?
Il sied aux autorités actuelles d’agir urgemment dans le domaine des routes, sans quoi, à cause de l’état désastreux de celles-ci, le pays est en train de perdre sa souveraineté. On ne peut plus faire visiter aux étrangers qui viennent dans notre pays la capitale, Bamako, à fortiori les autres grandes villes du pays. Avant on dénonçait des nids de poules sur nos routes, maintenant il s’agit des ‘’nids d’éléphants’’. Ce faisant, les usagers ne savent plus s’ils doivent appliquer le code de la route ou le code des ‘’trous’’ ?
Moustapha Diawara