L’Observateur a tenté une plongée dans l’univers, discret, voire secret, des «Agents privés de recherches». Extraits de son reportage.
1. Titre officiel
Ils effectuent pour le compte de particuliers, notamment, des recherches, des investigations et des filatures, à l’instar des détectives privés. Mais au Sénégal, ils ne portent pas le même titre que cet enquêteur de droit privé. Leur titre officiel : Agent privé de recherches (APR). «C’est le terme qui est reconnu par la législative sénégalaise», signale Ousmane Ndao, qui tient depuis 5 ans un cabinet spécialisé. Avant d’entrer de plain-pied dans la profession, cet ancien policier a dû montrer patte blanche. Il rembobine : «J’ai été entendu par la Section de recherches et la cybercriminalité. J’ai fait plusieurs va-et-vient avant de disposer d’une autorisation.»
2. Arsenal
Pour mener à bien ses activités, l’Agent privé de recherches doit être bien équipé. En plus de moyens de locomotion (voitures, motos, etc.) indispensables dans les filatures par exemple, il doit disposer de «logiciels de surveillance mobile qui permettent aux clients d’accéder directement aux applications utilisées par [les personnes épiées], révélant ainsi des comportements suspects ou trompeurs», souffle le directeur de la société spécialisée «Détective privé Sénégal», qui a requis l’anonymat.
3. Tarifs
Combien gagne un Agent privé de recherches au Sénégal ? Pour le patron de «Détective privé Sénégal», tout «dépend de la complexité de l’affaire et du temps nécessaire pour la mener à bien». Ousmane Ndao, lui, facture à la tête du client. «Je prends en compte à chaque fois la situation sociale de mes clients, jure-t-il le cœur sur la main. Mais la plupart du temps, le barème varie entre 100 000 et 500 000 francs CFA. Mais en ce qui concerne les clients qui vivent à l’extérieur, le prix peut aller jusqu’à 3000 euros (près de 2 millions F CFA).»
4. Clientèle
La clientèle est hétéroclite. «Je reçois des hommes et des femmes de tous les âges. La plupart du temps, c’est pour que j’enquête sur leurs partenaires, sur des cas de vol ou sur leurs enfants. Il y a mêmes des jeunes qui me demandent d’enquêter sur leurs petit(e)s ami(e)s», révèle Ousmane Ndao, qui déclare travailler également «avec des avocats à la recherche de preuves pour leurs dossiers, des huissiers de justice et des personnes qui ont des soucis avec la justice, des entreprises confrontées à des fraudes ou à des litiges».
5. Arnaques
Dans le monde des Agents privés de recherches, tout ce qui brille n’est pas or. «Le milieu est infesté de faux détectives», prévient L’Observateur, qui pointe le cas de S. F. D, «un escroc notoire». Ce dernier, détaille le journal, «se faisait passer pour un Agent privé de recherches. Il a empoché 250 000 francs CFA et le téléphone portable d’une cliente qui voulait retrouver son amour d’un soir. Alpagué par la Division de cybersécurité, suite à la plainte de la dame, il était déjà sous le coup de plusieurs plaintes. S. F. D a été jugé devant le tribunal des flagrants délits et condamné à trois mois d’emprisonnement ferme. «C’est le grand drame de notre milieu qui, comme tout métier, est parfois infiltré par des brebis galeuses. Il faut une législation forte pour réguler et assainir ce milieu qui est pourtant, aujourd’hui, d’une grande utilité», suggère Ousmane Ndao.