Une nouvelle campagne d’approvisionnement du marché en sucre est ouverte, mais certains opérateurs sont exclus par le ministre du Commerce pour non-respect des engagements.
Le gouvernement est à la quête de 50 000 tonnes exonérées à 25 % pour pallier la pénurie de sucre d’ici le 31 décembre 2023. Les autorités ont priorisé l’accès de ce nouveau marché aux 15 opérateurs économiques qui ont exécuté convenablement la campagne débutée en juillet 2023. « Tous ceux qui n’ont pas participé à la campagne des 100 000 tonnes seront exclus de la campagne de jumelage de N-Sukala et Sukala », a déclaré le ministre du Commerce.
Pour cette campagne, le prix grossiste est à 30 500FCFA, 31 000FCFA le demi-grossiste pour les sacs de 50 kg. Le prix du kilogramme détaillé est fixé à 650 FCFA. Cette campagne intervient dans un contexte de crise entre le gouvernement et des opérateurs économiques. Actuellement, le prix du sucre connait une flambée spectaculaire dans les villes et villages du pays.
On ne sait pas encore jusqu’où cette nouvelle cherté ira puisque le problème ne fait que commencer. Il s’agit d’une énorme surprise pour les consommateurs, mais surtout un désaveu pour le ministre du Commerce, Moussa Alassane Diallo. Ce dernier avait commencé sa mission avec un discours patriotique aux opérateurs économiques auxquels il avait demandé de mettre plein de sucre sur le marché local.
C’était sans compter avec l’appétit des commerçants pour qui l’intérêt personnel prime sur le bonheur collectif. Tout le monde savait que le ministre du Commerce allait échouer dans sa tentative de résoudre la pénurie de sucre en faisant recours aux opérateurs économiques. Cet échec vient d’être confirmé par Moussa Alassane Diallo lui-même, qui était face aux opérateurs économiques et importateurs du sucre la semaine dernière. En effet, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, a exprimé lors de sa rencontre avec les opérateurs économiques, le mercredi 8 novembre, le mécontentement du gouvernement suite à l’incapacité des importateurs à approvisionner le marché en sucre. On se trouve aujourd’hui dans une situation déplorable comme si les efforts fournis n’avaient servi à rien. Certains observateurs estiment que ce réveil brutal du ministre était bien prévisible. Nulle part au monde, l’Etat ne laisse l’approvisionnement du pays aux mains des privés lorsque les intérêts nationaux sont menacés. On a vu les USA prendre en main l’approvisionnement des pharmacies américaines en lait pour bébé en 2022 pour éviter une situation de crise. Ce qui est demandé au ministre, c’est de prendre des mesures urgentes pour commander au nom de l’Etat des millions de tonnes de sucre, en attendant que la production locale ne monte en puissance.
A en croire le ministre, sur les 100 000 tonnes prévues par le gouvernement malien en juillet 2023, les importateurs n’ont approvisionné le marché qu’avec seulement 40 000 tonnes. Le ministre du Commerce se demande si les opérateurs économiques maliens sont capables d’alimenter le marché en denrées de première nécessité. Il soutient que les importateurs véreux ont fait sciemment en stockant des tonnes de sucre dans les ports des pays voisins. D’autres ont préféré stocker le sucre importé dans les magasins à l’intérieur du pays pour créer une inflation.
Il y a certains qui ont déclaré à la douane 10 000 tonnes de sucre, mais ont préféré livrer un camion de 45 tonnes. Au même moment, d’autres importateurs de sucre, au lieu de livrer le sucre importé aux commerçants détaillants, ont préféré le commercialiser aux unités industrielles à un prix non encadré.
Le ministre a regretté le manque du respect des engagements tenus par les opérateurs économiques qui ont signé le cahier des charges en s’engageant d’importer le sucre pour approvisionner le marché. Sur les 58 signataires du cahier de charges, il y a seulement 28 signataires qui ont enlevé la licence d’importation et 15 opérateurs ont respecté leur engagement en approvisionnant le marché local en sucre.
Des commerçants ne respectent pas aussi le prix fixé par le gouvernement pour vendre le sucre. Une enquête de la Direction générale du Commerce et de la Concurrence révèle que sur les 3 800 contrôles menés par les agents, 789 procès-verbaux livrés ont décelé un non-respect du prix. Ces pratiques sont contraires aux clauses inscrites dans le cahier des charges. Tout cela a poussé le ministre de l’Industrie et du Commerce à dire que la pénurie de sucre est une « crise artificielle fabriquée de toutes pièces » par les importateurs. D’ailleurs, Moussa Alassane Diallo menace de citer les noms de ceux qui ne respectent pas le cahier des charges.
N.D