La refondation devrait, selon de nombreux analystes, passer par un assainissement de la justice. Ce qui tarde durant cette Transition.
maliweb.net – Le renouveau de l’Etat malien passera par une machine judiciaire rénovée dans son essence et dans son fonctionnement. Car, la justice, faut-il le rappeler, est un pilier fondamental de l’Etat de droit. Et le Mali nouveau (Mali kura), appelé de tous les vœux, doit passer par un nettoyage à grande eau de l’institution judiciaire. C’est dans ce cadre que le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, lors de la rentrée des cours et tribunaux 2022-2023, la semaine dernière, indiquait que « d’importants efforts budgétaires ont été consentis par l’Etat pour mettre les magistrats à l’abri du besoin ».
En effet, l’Etat a, depuis plusieurs années, injecté d’énormes ressources financières dans la restructuration de la machine judiciaire. Cela passe par la loi de programmation de la justice, avant même le démarrage de cette période transitoire. Ce qui fait que le chef de l’Etat a souligné “qu’il est inadmissible qu’un magistrat soit convaincu de corruption ou de comportement qui jure avec l’éthique et la déontologie de sa profession”. Une manière habile du chef de la Transition de relever que les magistrats doivent être des modèles. Ils doivent être hors de tout soupçon surtout en matière de moralité.
Ce qui ne semble pas encore être évident, tant l’on continue d’enregistrer des plaintes de citoyens concernant les comportements répréhensibles des acteurs majeurs de la justice. C’est pourquoi le chef de l’Etat assurait que « la justice malienne ne sera que ce que nous en ferons ». Et ce que les Maliens font de leur justice, c’est des scènes d’arrangements, de manipulations et de propositions de corruptions. Ce qui avait fait dire à un ancien ministre de la Justice que « la justice est indépendante de tout sauf de l’argent sale ». Alors que les magistrats sont censés garantir la sécurité juridique des citoyens et surtout leur égalité devant la loi.
En outre, la problématique de la lutte contre la corruption piétine au Mali et le dernier rapport annuel 2021 du Bureau du Vérificateur général l’atteste si bien. Plus de 52 milliards F CFA de manque à gagner pour l’Etat. Comment le magistrat censé concourir à la traque de la délinquance financière peut-il jouer son rôle si lui-même est souvent mêlé à des malversations ? Sans compter la politisation du corps de la magistrature… C’est donc aux responsables de l’appareil judiciaire de travailler à inspirer confiance et à éloigner des tribunaux les soupçons de triste réputation.
Sans oublier la problématique de l’accès à la justice sur l’ensemble du territoire, de l’équitable distribution de la justice à l’égard des justiciables, etc.
Rappelons que le thème de cette rentrée judiciaire est “Une justice plus proche du citoyen : problématique de la bonne distribution de la justice”. Une problématique qui a permis aux acteurs de la justice de s’auto-évaluer et de se livrer à une auto-critique à la limite de l’auto-jugement. Ce qui est de bon aloi, tant la machine judiciaire suscite bien de récriminations de la part des justiciables.
Boubou SIDIBE