L’ancienne ministre de l’économie et de finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, conteste auprès d’un syndicat de magistrats sa mise en liberté conditionnée au paiement d’une caution de 500 millions FCFA. Et sollicite l’implication de l’Association internationale des magistrats afin que ses droits en tant que justiciable soient sauvegardés.
C’est dans un mémoire de trois pages que l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily, en détention préventive depuis plus de 16 mois dans l’affaire dite « Avion présidentiel », s’est adressé à l’Association malienne des procureurs et poursuivants, AMPP. A travers ce syndicat de magistrats maliens, elle requiert formellement l’implication de l’Association Internationale des Procureurs pour sa cause. Selon Mme Bouaré Fily Sissoko, c’est à travers sa défense qu’une Ordonnance, en date du 21 Octobre 2022, de la Chambre d’instruction lui a notifié sa mise en liberté, en contrepartie du paiement d’une caution ou la constitution de sûreté de même valeur. Selon l’ancienne Ministre, cette ordonnance stipule que « l’instruction du dossier de l’affaire est suffisamment avancée, que la détention de l’inculpée n’est plus nécessaire à la manifestation de la vérité… Et cependant, que pour garantir la représentation de l’inculpée et couvrir les éventuels frais de procédure ainsi que les condamnations pécuniaires, il convient de subordonner sa mise en liberté au dépôt d’une garantie ou la constitution d’une sûreté… d’un montant fixé à 500 Millions FCFA, dont 200 Millions pour garantie de représentation ». La détenue juge ce montant trop élevé pour un fonctionnaire malien. «Demander à un fonctionnaire malien de constituer cette somme faramineuse, dans une procédure d’instruction conduite suivant le principe de la présomption d’innocence et par une Chambre qui, en principe, a vocation à instruire à charge et à décharge, équivaut tout simplement à le traiter de criminel financier de classe exceptionnelle, sans en apporter les preuves », a dénoncé la détenue.
Mme Bouaré Fily Sissoko conteste également les chefs d’accusation de la Chambre d’instruction, en précisant qu’elle a toujours fait sa déclaration de biens, régulièrement déposée à la Cour Suprême de 2000 à 2015. Elle dit être propriétaire d’une seule maison qu’elle habite et dont la construction remonte à 1997. « Le titre de cette maison est sous hypothèque auprès d’une Banque de la place en garantie du prêt que j’ai contracté en 2015 pour la réalisation d’un projet de ferme. Je mets quiconque au défi de prouver le contraire », se défend l’ancienne ministre de l’économie et des finances.
Poursuivant toujours dans cette mémoire, elle informe que le seul et unique procès-verbal d’audition la concernant dans ces dossiers, avant le début de la procédure d’instruction, remonte à 2015. D’après elle, cela fait suite à la demande d’ouverture d’enquête en date du 22 Mai 2015 qu’elle a adressée au Ministre de la justice de l’époque. « Je n’ai en aucun moment été convoquée, ni entendue par le Procureur qui m’a inculpée. C’est pour toutes ces raisons que je trouve le traitement, qui m’est aujourd’hui infligé, outrageant et dégradant », fustige la détenue préventive qui demande au président de l’Association malienne des procureurs et poursuivant si le statut de Magistrat, relevant de la plus haute juridiction de la République, autorise le Président et les membres de la Chambre d’instruction à lui ’infliger un tel traitement . Celle qui a passé plus de 16 mois en prison sans procès estime qu’on lui a fait purger une peine par anticipation.
Aujourd’hui, elle dit craindre la tournure que le dossier est en train de prendre, en sollicitant le concours de ce syndicat de magistrats dont l’objectif est « promouvoir des poursuites pénales efficaces, équitables, impartiales », afin que ses droits en tant que justiciable soient sauvegardés.
Dans ce dossier, dit de l’acquisition de l’aéronef du président et des équipements militaires, Mme Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Economie et de Finance est inculpée avec d’autres anciens ministres du régime du défunt Président IBK. Ils sont cités dans un rapport, publié en octobre 2014 par le Bureau du Vérificateur Général, sur l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Ce document relève des détournements de deniers publics par des opérations frauduleuses pour un montant de 9,3 milliards FCFA et dénonce la mauvaise gestion portant sur un montant de 29,3 milliards FCFA.
Siaka DIAMOUTENE