Plus d’un million de personnes seront en situation d’insécurité alimentaire d’ici au mois d’août au Mali, un pays plongé dans une profonde crise sécuritaire et humanitaire depuis 2012, indique le bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
« L’insécurité alimentaire a atteint des niveaux alarmants, notamment dans les régions du nord et du centre », écrit OCHA dans son bulletin bimestriel, consulté par l’AFP mercredi.
Quelque 7,1 millions de personnes (pour une population totale de 23 millions d’habitants), dont plus de la moitié sont des enfants, ont besoin d’aide humanitaire en 2024, dit OCHA.
Or le taux de financement du plan de réponse humanitaire, assuré par les donateurs (gouvernements, organisations multilatérales, ONG…), est « au plus bas », dit le bulletin.
En mai, le secteur de la sécurité alimentaire n’avait reçu que 10% du financement requis, indique OCHA, ce qui constitue « le taux de financement le plus bas depuis le début de la crise en 2012 ».
Le Mali, pays pauvre et enclavé et durement touché par le changement climatique, est pris dans la tourmente depuis le déclenchement d’insurrections séparatiste et jihadiste dans le nord.
La violence a gagné le centre et le Burkina Faso et le Niger voisins, faisant des milliers de morts civils et combattants et des centaines de milliers de réfugiés.
Depuis 2020, des militaires ont pris le pouvoir par la force dans ces trois pays sahéliens, et ont rompu le partenariat militaire et politique avec l’ancienne puissance coloniale française pour se tourner vers la Russie.
Malgré les violences, OCHA « observe d’importants afflux de réfugiés et demandeurs d’asile vers les régions du centre » du Mali, provenant « principalement du Burkina Faso ».
Les frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger sont des zones de refuge pour les groupes jihadistes et les combats avec les forces gouvernementales y sont quasiment quotidiens.
Au Mali, « la fin de l’année 2023 a été marquée par l’intensification des opérations militaires contre les groupes armés non-étatiques et des restrictions de déplacements à l’encontre des populations civiles », dit OCHA.
Les moyens de subsistance des civils ont été détériorés par « les effets cumulés des violences, des faibles pluviométries, des déplacements internes et du sous-financement de la réponse humanitaire de 2023 », précise-t-elle.