Alors que le gouvernement a annoncé, le vendredi dernier, la convocation du collège électorale pour les élections référendaires le 18 juin 2023, un mouvement de soutien à la Ligue malienne des imams et érudits (Limama) contre la laïcité dans la Constitution vient de voir le jour. Parmi ces organisations, la CMAS de l’imam Mahmoud Dicko.
Allons-nous vers la création d’un front contre le ‘’oui’’ lors du référendum constitutionnel du 18 juin prochain ? Le samedi dernier, à Bamako, une vingtaine d’organisation de la société civile de tendance religieuse, notamment la CMAS de l’imam Dicko, ont apposé leur signatures sur une déclaration formant un front commun contre la laïcité dans la Constitution. Ces organisations, dont on nomme des associations culturelles et politiques, disent s’unir pour obtenir du Président de la Transition le retrait du principe de laïcité de l’État dans le projet de Constitution.
Elles se joignent à la mouvance de la Ligue malienne des imams et Erudits, déjà opposée au maintien du principe de la laïcité dans le projet de Constitution, pour presser le Président de transition, le Col Assimi Goïta, de lancer des nouvelles consultations en vue du retrait du principe de laïcité de l’État prévu dans le projet de nouvelle Constitution.
La création d’un tel front intervient au lendemain de la convocation du collège électoral du 18 juin 2023 pour la tenue d’un référendum constitutionnel. Faute d’accord, les initiateurs de ce front anti-laïcité dans la nouvelle constitution n’exclut pas de battre campagne contre le oui.
Les organisations signataires de cette déclaration reprochent à la commission chargée de la finalisation du projet de Constitution d’avoir échoué « à libérer le Mali du joug idéologique hérité de la France ». Pour eux, la commission a manqué de courage. Toujours les signataires estiment que malgré ces conséquences dévastatrices sur notre pays depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, la laïcité a été maintenue et définie comme ne s’opposant pas aux croyances. « Une hyène reste une hyène que ce soit à Paris où à Bamako », lance le mouvement de soutien à LIMAMA qui demande depuis plusieurs mois aux autorités de transition d’adapter nécessairement la nouvelle Constitution aux valeurs religieuses et sociétales. LIMAMA conteste le principe de la laïcité dans la Constitution et prône la création d’un’’ Etat multiconfessionnel’’.
Encore la CMAS de l’imam DICKO
Parmi les organisations et mouvements politiques qui ont apporté leur soutien à la mouvance de LIMAMA contre le maintien du principe de la laïcité dans le projet de Constitution, l’on retient la signature de la CMAS de l’imam Dicko. Ce mouvement politico-religieux, semble renoncer à sa position initiale, celle d’une opposition catégorique à l’élaboration d’une nouvelle Constitution. La CMAS s’est ralliée au mouvement dénommé «Appel du 20 février 2023 » très critique à l’élaboration d’une nouvelle Constitution par les autorités qu’il juge illégitime. Depuis la rupture des relations politiques entre le mentor de la CMAS et les autorités de transition, le mouvement semble inscrire leurs actions dans l’opposition vis-à-vis de la transition. Aujourd’hui, la CMAS est le seul à la fois opposé en même à l’élaboration d’un nouvelle Constitution et le maintien du principe de la laïcité dans le projet de constitution. LIMAMA qui vient de joindre pourra appeler à voter en faveur du oui si sa doléance est prise en compte par les autorités de transition.
Toutes ces pressions exercées par des religieux ne semblent jusque-là pas fait fléchir le Col Assimi Goïta. L’exécutif est déterminé à soumettre par référendum au peuple malien un projet de texte de Constitution attaché à la forme républicaine et à la laïcité de l’État. La nouvelle loi fondamentale se défend contre la polémique entre les religieux et les autorités en ces termes « la laïcité ne s’oppose pas à la religion et aux croyances. Elle a pour objectif de promouvoir et conforter le vivre-ensemble fondé sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle ».