Le général Kéba Sangaré a été nommé mercredi 1er novembre chef d’état-major général adjoint des armées maliennes. Le nouveau numéro deux de l’armée malienne a déjà un riche parcours, cependant entaché de graves accusations formulées en 2020 dans un rapport des Nations unies.
Il ne quitte jamais son béret rouge de commando para. Le général Kéba Sangaré a été nommé chef d’état-major général adjoint des armées mercredi 1er novembre. La décision a été annoncée à l’issue du Conseil des ministres.
Le général Sangaré est le fils d’un ancien chef d’état-major de l’armée de terre, poste qu’il a lui-même occupé en 2019-2020, avant de céder la place à un certain Oumar Diarra, aujourd’hui à la tête des forces maliennes. Avant de devenir son adjoint, le général Sangaré était passé gouverneur de la région de Bougouni. De solide réputation au sein de l’armée malienne, il commandait les opérations à Tombouctou lors de la reconquête du Nord en 2013, aux côtés de la force française Serval, après dix mois d’occupation jihadiste.
Depuis, l’armée malienne a changé de partenaire, et c’est avec le groupe russe Wagner que le général Sangaré devra envisager l’offensive sur Kidal, LA priorité du moment pour les autorités maliennes de transition, qui entendent investir le fief des groupes rebelles.
Une forme de cohérence puisqu’il y a trois ans, en août 2020, un rapport d’expert des Nations unies présentait le général Sangaré comme un obstacle à l’application de l’accord de paix de 2015. L’ONU pointait les « décisions contestables » de celui qui était alors à la tête de l’armée de terre, accusé de vouloir contourner les quotas prévus dans le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des groupes armés (DDR) et, de ce fait, de « miner la confiance entre les parties ».
Le rapport onusien relevait enfin la responsabilité du général Sangaré dans le massacre d’Ogossagou de février 2020 – 35 morts et 19 disparus. Les soldats maliens en poste dans le village avaient quitté Ogossagou alors que, selon le rapport onusien, le général Sangaré avait été « informé de la menace », « plus de dix heures » avant l’attaque. Un an plus tôt, en mars 2019, 160 civils avaient déjà été tués dans ce même village du centre du pays, théâtre d’affrontements réguliers entre les communautés peule et dogon. Après cet épisode, le général Sangaré avait été démis de ses fonctions de chef d’état-major de l’armée de terre.
Sollicité par RFI, le général Kéba Sangaré n’a pas donné suite.