L’information est diffusée tambour battant sur les pages Facebook dites de soutien au régime de la transition. L’information, pourtant ordinaire et d’ordre générale, est sortie de son contexte pour consolider la thèse de « souveraineté retrouvée ».
« Les USA dénoncent le SURARMEMENT du Mali suite à sa coopération avec la Russie ». C’est le message distillé par certains canaux d’information sur les réseaux sociaux. « Le Mali est placé parmi les pays inattaquables par surprise ou par incursion», se vantent les mêmes canaux. Mais de quoi s’agit-il, en réalité ?
Dans une note publiée le 23 février dernier, la FAA ( Federal Aviation Administration), l’agence du gouvernement chargée des réglementations et des contrôles concernant l’aviation civile aux États-Unis , avise sur les missions aériennes au Mali. La FAA motive sa décision par le fait que le Mali connaît des combats en cours, des activités extrémistes/militantes, une détérioration de l’État de droit, une présence militaire privée étrangère en expansion et l’introduction d’un système avancé de défense aérienne.
En conséquence, peut-on lire dans la note publiée en anglais, la FAA « conseille à l’aviation civile américaine de faire preuve de prudence lorsqu’elle vole vers, à l’intérieur ou au-dessus du territoire et de l’espace aérien du Mali à toutes les altitudes». L’agence américaine informe qu’en 2022, Wagner a déployé plus de 1 000 militaires privés au Mali, ainsi que diverses capacités d’armes militaires, telles que des systèmes d’aéronefs sans pilote (UAS) et des systèmes de défense aérienne plus sophistiqués.
SA-22 (Pantsir-S1)
En janvier dernier à Koulouba, lors la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux aux forces vives de la nation, le Colonel Assimi Goïta avait fait allusion au système de défense anti-aérien, sans donner des détails sur le matériel déployé. Le Chef de l’Etat avait donné sa version de ce qui avait été présenté par certains partenaires comme une volonté du gouvernement malien de « restreindre les activités de la MINUSMA ». En réalité, a dit le patron de Koulouba, nous avons du matériel pour surveiller notre espace aérien. C’est logique donc de demander les informations sur les vols pour éviter des incidents.
Dans sa note, la FAA parle d’armes militaires, telles que des « systèmes d’aéronefs sans pilote (UAS) et des systèmes de défense aérienne plus sophistiqués ». Le nom d’un système en particulier est révélé. « Un nouveau système de défense aérienne SA-22 (Pantsir) est présent près de Bamako », peut-on lire dans la note. Le Pantsir, détaille le document, est un système de missile sol-air (SAM) guidé par radar capable d’engager des cibles jusqu’à 49 000 pieds (15 km en altitude) avec une portée de 36 kilomètres.
Mali… pays inattaquable ?
Tout Malien, sans égard pour la définition actuelle du patriotisme qui se limite en pro et anti- France, serait content de savoir que son pays est invincible. Cependant, la notice de la FAA ne vise pas à vanter la « superpuissance militaire » qu’est devenu le Mali. Loin s’en faut. Elle classe le Mali sur la même liste de pays que l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Somalie, la Corée du Nord ou encore la Russie. Des pays qui représenteraient, pour diverses raisons, un risque pour l’aviation civile américaine.
En outre, l’Algérie qui a acquis 38 Pantsir-S1 en 2010, et qui aurait testé le Pantsir-SM, la version ultramoderne de ce système de défense antiaérienne, n’est pas classée « pays à risque » pour l’aviation civile américaine.