Le Mali, pays riche en ressources naturelles, notamment l’or, le lithium, le fer et le coton, possède un potentiel minier considérable. Le secteur minier représente une part importante de son économie, contribuant à environ 9 à 10 % du PIB. Cependant, l’exploitation de ces richesses soulève plusieurs questions, tant sur le plan économique, social qu’environnemental. Si les opportunités sont nombreuses, les menaces ne sont pas en reste, mettant en lumière les défis à relever pour une gestion optimale des ressources naturelles du pays.
Une richesse minière au service du développement économique
Le secteur minier malien, particulièrement l’or, est un pilier essentiel de l’économie du pays. En 2023, le Mali a produit environ 65 tonnes d’or, avec des réserves estimées à 800 tonnes. Le potentiel ne s’arrête pas là : le pays dispose également de vastes réserves de lithium, un minerai stratégique pour les énergies renouvelables. Cette richesse attire des investisseurs étrangers comme Barrick Gold, B2Gold ou encore Resolute Mining, et stimule la création d’emplois dans les mines artisanales, avec près de 400 000 personnes impliquées dans ce secteur.
Les retombées économiques sont indéniables : les mines génèrent des revenus importants pour l’État, notamment grâce aux taxes et royalties. De plus, l’exploitation des ressources naturelles est un levier pour le développement local. « Le Mali dispose d’un potentiel important en or et récemment en lithium également pour l’énergie renouvelable. De nos jours, il a une réserve d’or d’environ 800 tonnes avec une production annuelle de 65 tonnes en 2023. Le pétrole et l’uranium du nord du Mali sont en phase d’étude », a relevé l’expert minier Allasane Traoré.
Les entreprises minières investissent dans des infrastructures de base, telles que des écoles et des centres de santé, apportant ainsi des bénéfices tangibles aux communautés voisines des sites miniers. « La gestion des ressources naturelles dépend des politiques en vigueur. Elles pourraient être utilisées dans des investissements stratégiques d’importance capitale pour le Mali, tels que le domaine énergétique, sécuritaire ainsi que des revendications en vue d’accroître les revenus salariaux », a expliqué l’économiste M. Diamoutene.
Alassane Traoré, spécialiste des mines, estime que « l’État doit s’impliquer davantage dans le suivi des activités des compagnies minières, c’est-à-dire être présent dans l’exécution du projet et non se limiter à des inspections périodiques. Pour rendre l’exploitation sûre avec moins d’accidents de travail, il faut numériser l’exploitation minière avec les technologies de dernière génération comme le dispatch intelligent et le système de commande à distance des engins miniers », a-t-il suggéré.
Des inégalités sociales et des conflits latents
Cependant, la gestion des ressources naturelles n’est pas sans défis. Si l’exploitation minière contribue à la création d’emplois, elle engendre également des inégalités sociales et des tensions. Les bénéfices générés par les mines ne profitent pas toujours équitablement à l’ensemble de la population. Selon le secrétaire général du parti (PDES), Bakary Dena, les ressources naturelles sont un atout inestimable pour le Mali. « Les enjeux économiques sont déterminants dans les relations entre les pays. En réalité, les pays ne sont liés diplomatiquement que par des jeux d’intérêt », a-t-il souligné. À l’en croire, pour préserver les futures générations, les bénéfices tirés de l’exploitation minière doivent servir à développer des secteurs tels que l’agriculture, l’élevage et la pêche.
Les propriétaires des terres exploitées, souvent des élites locales, récoltent la majeure partie des retombées économiques, tandis que les travailleurs, notamment les orpailleurs, vivent dans des conditions précaires. Cette inégalité génère des conflits, tant entre les communautés locales et les entreprises minières qu’entre les villageois eux-mêmes. Des affrontements sont fréquemment observés, notamment en raison de la concurrence pour les ressources et des disputes foncières.
Pour le sociologue M. Berthé, dans les zones d’exploitation minière, les sociétés créent des emplois au niveau local. « Ces emplois permettent de dynamiser l’économie locale et les entreprises étrangères investissent pour le développement de la communauté. En construisant des écoles, des centres de santé, des infrastructures de base au bonheur de la population. Il y a aussi la théorie de contagion sociale qui se développe. C’est-à-dire que les gens qui immigrent vers ces zones sont imités par la population locale. Ce qui provoque des changements sociaux », analyse-t-il.
En outre, la migration massive vers les zones minières a des conséquences sociales, avec l’émergence de comportements criminels et l’insécurité croissante.
L’impact environnemental : une menace à long terme
Le secteur minier malien, bien qu’essentiel pour l’économie, laisse également une empreinte écologique lourde. L’exploitation artisanale de l’or, en particulier, est responsable de la dégradation des sols, de la pollution de l’eau et de la déforestation. Les méthodes de dragage utilisées par les orpailleurs contaminent gravement les cours d’eau, mettant en péril les écosystèmes locaux. Selon des experts, ces dommages environnementaux pourraient avoir des conséquences durables sur la biodiversité du pays. Une gestion rigoureuse et durable de ces ressources est donc impérative pour préserver l’environnement tout en maximisant les retombées économiques.
Pour une exploitation minière durable et bénéfique à tous
Face à ces défis, plusieurs solutions ont été proposées pour une gestion plus responsable des ressources naturelles. Le renforcement des réglementations environnementales et l’introduction de technologies plus propres et moins polluantes sont des pistes envisagées. Des pratiques comme la réhabilitation des sites miniers et l’adoption de méthodes d’exploitation durables pourraient réduire considérablement les impacts négatifs.
De plus, pour que les bénéfices miniers profitent réellement à la population malienne, il est essentiel d’impliquer les autorités locales dans la gestion des ressources naturelles. La société civile doit également jouer un rôle de contrôle et de veille pour garantir que les engagements pris par les entreprises minières soient respectés.
Dans une interview accordée au quotidien national, l’Essor, le Ministre des Mines Pr. Amadou Keïta a expliqué les avancées et les projets prometteurs du secteur minier malien. « Plusieurs entreprises minières s’apprêtent à migrer vers le code de 2023 et elles s’engagent à toutes à appliquer les mesures du contenu local. Pour renforcer le dispositif, il y a en perspective la création d’une brigade spéciale des mines et d’un commissariat chargé des activités minières », a révélé le Ministre. Il a également souligné que la société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali (SOREM) est l’une des priorités de son département. « Le conseil des ministres a attribué à la SOREM un permis de recherche d’or sur le périmètre de N’Tahaba d’une superficie de 97,41 km² dans le cercle de N’Tillit à Gao. Elle œuvre aussi pour venir en aide aux mines qui sont dans des difficultés, telles que celle de Morila. Le projet de l’usine de raffinage a déjà un espace de 10 hectares et dispose d’un plan de conception sommaire de l’unité. L’usine répondra aux standards internationaux. Grâce à la renégociation, la part de l’État est passée de 20 à 35 % sur le lithium de Goulamina. Ce qui engendrera une augmentation du budget de l’État à 100 milliards de FCFA par an », a rassuré le Ministre.
Le Mali dispose d’un potentiel énorme pour transformer ses ressources naturelles en un moteur de développement durable. Cependant, cela nécessite une vision à long terme et une gestion rigoureuse, capable de concilier croissance économique, justice sociale et préservation de l’environnement.
En somme, l’exploitation minière au Mali est une arme à double tranchant. Si elle est bien gérée, elle peut être un vecteur de progrès pour le pays, mais si elle est négligée ou mal encadrée, elle risque de générer davantage de problèmes sociaux et environnementaux. C’est donc à l’État, aux entreprises et à la société civile de collaborer pour assurer que les ressources naturelles du Mali profitent à l’ensemble de la population, tout en préservant l’avenir des générations futures.
Djeneba SIDIBE