Le chef d’une association réputée proche des militaires au pouvoir au Mali a été convoqué lundi par la police après des propos appelant ces derniers à respecter la durée de la transition convenue avec les Etats ouest-africains, pour un retour des civils aux commandes, a appris l’AFP auprès d’une source de sécurité.
Adama Ben Diarra, dit « Ben le Cerveau » dirige l’association Yerewolo-Debout sur les Remparts, un soutien actif des militaires qui dirigent le Mali après avoir renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août 2020. M. Diarra a reçu lundi matin une convocation de la brigade d’investigation judiciaire (BIJ), une unité de la police, à laquelle il a répondu dans l’après-midi, à la suite d’une demande du parquet, a affirmé à l’AFP une source de sécurité proche de la BIJ.
Il était lundi soir « en audition à la BIJ pour atteinte au crédit de l’Etat », a dit cette source sans préciser les faits reprochés à M. Diarra, également membre du Conseil national de transition (CNT), qui tient lieu d’organe législatif au Mali, installé par les militaires.
Le chef de Yerewolo-Debout sur les remparts a, le 27 août sur une radio privée, appelé la junte à respecter la durée de la transition, après que les militaires se sont engagés devant la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à rendre le pouvoir aux civils en mars 2024.
Il avait également émis des critiques sur la junte, lui attribuant une faible note dans sa gestion, dit que les populations étaient en train de souffrir et déploré les arrestations opérées, selon lui, par les services de sécurité.
M. Diarra a également dit qu’un évènement important se produirait en octobre au Mali, sans préciser lequel.
Après avoir renversé le président Keïta, la junte malienne a exigé le retrait de la force française Barkhane, effectif depuis 2022, puis demandé celui de la mission de maintien de la paix des Nations unies (Minusma) d’ici la fin de l’année.
La junte a fait de la souveraineté son mantra, rompu l’alliance avec la France et ses partenaires dans la lutte contre le jihadisme, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une crise sécuritaire profonde partie du nord et qui s’est propagée au centre du pays ainsi qu’au Burkina Faso et au Niger voisins.