Dans une interview exclusive chez nos confrères de Jeune Afrique, le président sénégalais, Macky Sall a fait le tour d’horizon de l’actualité qui mine son pays à moins de trois mois de l’élection présidentielle prévue en février 2024. Il s’est également prononcé sur la résurgence des coups d’Etat militaires qui montent en flèche dans l’espace Cédéao. Des coups d’Etat militaires soutenus par des acteurs politiques en espérant tirer les marrons du feu, selon les dires du chef de l’Etat du Sénégal, Macky Sall.
En fin de mandat, le président sénégalais, Macky Sall, qui a renoncé de briguer un troisième mandat bien que la Constitution l’en autorise, s’est confié à nos confrères de Jeune Afrique.
Dans cette confidence, ce dernier ne regrette rien des douze années passées à la tête du Sénégal ni la solitude du pouvoir moins encore les événements qui ont émaillé le Sénégal dans l’affaire de viol de son principal opposant Ousmane Sonko.
Dans l’interview exclusive qu’il a accordée à l’envoyer spécial de Jeune Afrique à Dakar, Marwane Ben Yahmed, le chef de l’Etat sénégalais fait le tour d’horizon de l’actualité qui mine son pays à environ trois mois de la présidentielle de février 2024.
Il s’est également prononcé sur la saga des coups d’Etat militaires qui montent en flèche en Afrique et précisément dans l’espace Cédéao (Mali, Burkina Faso, Guinée-Conakry et Niger).
Pour le dirigeant sénégalais, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette résurgence des coups d’Etat dans notre sous-région. Mais, à en croire M. Sall, c’est la crise du terrorisme, qui frappe durement les pays du Sahel, qui est pour beaucoup dans cette instabilité.
“Quand des militaires meurent au front, on a tôt fait d’accuser le pouvoir en place d’être faible ou de ne pas donner assez de moyens aux soldats”, dit-il. Selon Macky Sall, dans la plupart des coups d’Etat ce sont des acteurs politiques qui poussent les militaires à prendre le pouvoir par les armes pour interrompre l’ordre constitutionnel.
“Il ne faut pas que les acteurs politiques eux-mêmes poussent les militaires à prendre le pouvoir en imaginant tirer les marrons du feu. Cela arrive, hélas”, affirme-t-il à Marwane Ben Yahmed.
De passage, Macky Sall n’a pas manqué d’écorcher les militaires au pouvoir que ce soit au Mali, Burkina, Niger, Guinée Conakry et même au Gabon. “Les gens pensent parfois que la voie militaire est la mieux indiquée parce que, quand règne une impression de chaos, la force la mieux organisée, c’est encore l’armée. Ces coups d’Etat donnent parfois l’impression de recueillir l’assentiment de la population… Ce n’est pas parce que des foules vous acclament dans les rues de la capitale que vous êtes réellement populaire. Les présidents déchus aussi avaient des partisans qui les applaudissaient dans leurs meetings. Ce n’est pas un critère objectif”, laisse entendre le locataire du palais eu gouverneur au Sénégal (siège de la présidence).
Le chef de l’Etat sénégalais suggère que dans les armées, il devrait y avoir une doctrine intangible, c’est-à-dire quand on s’engage, on doit accepter de servir sa patrie et refuser d’exercer le pouvoir politique.
“Si on veut exercer le pouvoir politique, on démissionne, on change de costume, et on tente de convaincre les électeurs. Le pouvoir ne peut pas être conquis par les armes”, martèle le dirigeant sénégalais qui rendra son tablier l’année prochaine.
Ousmane Mahamane