De 4,2 millions FCFA en 2021, la tonne de lithium était vendue à 42 millions FCFA en novembre 2022. Avec un gisement de 2 millions de tonnes, le Mali se positionnera dans le top 7 des pays producteurs de lithium dans le monde. Cependant, l’opacité sur le contrat de ce minerai signé entre le gouvernement et une société australienne fait redouter à la société civile malienne, le scénario de l’or « qui ne brille pas » pour les Maliens.
La mine de lithium de Goulamina (Bougouni) devait entrer en production au deuxième trimestre 2024. Le 22 février dernier, Leo Lithium, la société australienne qui exploite le minerai, a annoncé la possibilité de faire deux expéditions de 30 000 tonnes de minerai au troisième et au quatrième trimestre 2023. Une nouvelle qui fait réagir Nouhoum Diakité, coordinateur de Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP Mali), une organisation qui milite pour plus de transparence dans les industries extractives.
L’Or blanc
« En réalité, tout s’accélère en matière de lithium dans le monde », affirme Nouhoum Diakité. Aujourd’hui, explique-t-il, c’est un minerai devenu stratégique avec l’augmentation du prix du pétrole. Appelé aussi « l’Or blanc », le lithium est un métal recherché. Il est prisé par les secteurs de l’électronique et de l’industrie pour la production de piles, de smartphones ou de batteries des voitures électriques, dont le marché est en pleine croissance. En dépit de son importance, s’offusque le coordinateur de PCQVP Mali, le contrat sur l’exploitation de la mine de lithium de Goulamina n’est pas accessible aux Maliens.
« On n’a entendu que le contrat est signé, mais on n’a rien vu jusqu’à présent », alerte Aboubacrine Ag AKLINI, membre d’une organisation de la société civile dénommée Initiative Africaine pour le Développement Intégré au Sahel (IADIS). Ce qu’on a entendu, détaille Ag AKLINI, c’est que le minerai sera extrait et transporté ailleurs. «C’est comme pour l’or et le coton, il n’a pas de valeur ajoutée. Il ne faut plus accepter aujourd’hui les mêmes pratiques d’antan », dénonce-t-il.
Selon Aboubacrine Ag AKLINI, une usine de traitement du minerai au Mali, c’est plus d’emplois, c’est plus d’impôt et taxe pour l’Etat et les collectivités territoriales. C’est aussi, ajoute-t-il, un bon moyen pour attirer d’autres investisseurs, par exemple des fabricants de batterie de téléphone. Autre inquiétude, souligne-t-il, si une (1) tonne de minerai est expédiée, qui croire sur la teneur en lithium notamment sur la quantité réelle de lithium recueillie.
Membre de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE), le Mali s’est engagé a publié les contrats miniers. Dans les faits, notre pays est cité parmi les mauvais élèves en la matière. « Il existe plusieurs avantages à publier les contrats miniers », explique Boureima Cissé, secrétaire permanent de l’ITIE au Mali. D’abord, un contrat publié est plus facile à respecter parce que tout le monde à un droit de contrôle. Aussi, ajoute-t-il, les contrats publiés sont aussi sources d’informations précieuses pour les collectivités qui souhaitent savoir de quelle manière les recettes tirées de leurs ressources sont redistribuées au niveau régional ou local.
En juin 2022, le chantier de l’usine d’extraction du lithium a été lancé par le ministre des Mines, Seydou Lamine Traoré. A l’occasion, il est apparu que le Mali détient 20% du capital de la mine. Un taux jugé faible par une certaine opinion. « Sans polémique… la mine de lithium est un bon deal », s’était défendu le ministre des Mines, dans un tweet, en soulignant les taxes et autres contributions à l’économie nationale. Plus de 8 mois après l’annonce de sa signature, le contrat sur le lithium n’est pas publié comme l’exige le Code minier de 2019 qui est appliqué à la mine de Lithium de Goulamina.