Khadim Niang, 48 ans, est un escroc au sacré culot. Il a réussi l’exploit de rouler neuf commerçants dans la farine en épousant, dans la foulée, la fille de l’une de ses victimes. Et pour réussir ses coups, il se faisait passer pour un colonel de la police.
Les aventures du faux colonel rapportées par L’Observateur ont commencé un matin de 2022. Ce jour-là, Khadim Niang pénètre dans un magasin de vente de matériel électroménager de la Cité Mtoa de Keur Massar. Le commerce est tenu par une dame nommé Fatoumata Niang et ses enfants.
L’escroc cible un téléviseur à écran plat. Après un intense marchandage avec la maîtresse des lieux et sa fille ainée, Fatou Diop, Khadim Niang achète le poste à 150 000 francs CFA. Il paie par Wave. Le dépôt est effectué sur le téléphone de la fille de la patronne du magasin.
L’Observateur souligne que le faux colonel a profité de la transaction pour enregistrer le numéro de la destinataire, Fatou Diop. Le journal indique qu’entre temps, Khadim Niang ne cessait de couvrir la jeune dame de compliments, insistant sur sa coquetterie.
Dans la foulée des échanges, il lui demande si elle serait tentée de s’expatrier en Europe et devenir femme d’affaires. Les yeux de la divorcée se remplissent d’étoiles. Elle acquiesce et prie son interlocuteur de l’aider en ce sens.
L’escroquerie était en marche. Khadim Niang, sentant qu’il tenait le bon bout, simule un échange téléphonique avec ses subalternes en demandant à Fatou Diop de préparer sa Carte nationale d’identité, son passeport, une carte de commerçante, un Ninea et un registre de commerce.
Puis tombe l’estocade : le faux colonel lui demande de lui verser 170 000 francs CFA représentant les frais de certaines formalités liées à son projet de voyage. L’argent décaissé, Khadim Niang passe à la vitesse supérieure : il courtise sa victime.
Cette dernière, divorcée et mère de deux enfants, lui fait savoir qu’elle ne souhaite une relation passagère. D’autant que, argumente-t-elle, elle se doit d’être un exemple pour ses sœurs avec lesquelles elle vit. C’est ainsi que l’escroc demande et obtient sa main. Ce mariage lui ouvre les portes vers d’autres victimes.
D’abord Awa Sow, une commerçante établie également à la Cité Mtoa de Keur Massar. Fatou Diop l’a mise en relation avec son époux. Lequel promet de lui trouver un «visa express» pour la France. En contrepartie, la commerçante doit juste lui remettre son passeport et la somme de 400 000 francs CFA. Awa Sow lui fait une avance de 230 000 francs CFA avant de perdre ses traces.
Fatoumata Niang (belle-mère du prévenu) sera la troisième victime de Khadim Niang. Sollicitée pour 250 000 francs CFA par son beau-fils, qui invoquait quelques soucis financiers, cette dernière lui envoie 200 000 francs CFA.
Les commerçants Ndiké Mbengue (400 000 F CFA), Amadou Lamine Ndiaye (300 000 F CFA) et Thierno Abdou Ba (500 000 F CFA) ont été eux aussi roulés dans la farine par Khadim Niang. Avec presque chaque fois le même mode opératoire.
Toutes ces personnes étaient présentes ce mardi à la barre des flagrants délits du tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye. En choeur, elles ont enfoncé le mis en cause.
D’autres victimes, Moukhtar boup, Alioune Mbengue et Pape Malick Diop, n’ont pas assisté au procès.
S’il a été relaxé du délit d’usurpation de fonction, le faux colonel a été reconnu coupable d’escroquerie et condamné à un an de prison ferme et à rembourser les sommes dues.