C’est la joie à Abidjan et l’allégresse à la CEDEAO après la grâce présidentielle du chef de la Transition malienne pour libérer les 46 militaires maliens. Cette grâce intervient après moult tractations et la condamnation des militaires inculpés par la justice malienne à 20 ans de réclusion criminelle fin décembre. Le président malien a défié l’ultimatum de l’institution sous régionale et s’est accroché à son propre agenda. Il n’a jamais cédé aux pressions et a accepté la médiation togolaise, plus courtoise et disciplinée, plutôt que l’injonction maladroite et belliqueuse de la CEDEAO qui obéissait aux ordres de Paris et d’Abidjan lesquels se confondaient en menaces.
Le verdict est tombé le week-end dernier. Assimi a accepté la grâce présidentielle suite à la médiation togolaise avec effet immédiat et remise totale de peine pour les militaires ivoiriens qui s’étaient introduits au Mali en juillet dernier avec armes, sans au préalable, informer nos autorités. Pour Bamako, nul doute, c’est des mercenaires avec pour vocation de déstabiliser notre pays, ce dont Abidjan démentait arguant qu’il s’agit plutôt de militaires réguliers venus travailler dans le cadre des nations unies, qui, pourtant, ne se reconnaissaient pas dans les allégations ivoiriennes. L’affaire se dégénère et débouche sur un bras de fer entre Bamako et Abidjan. Aux menaces d’Alassane Ouattara, Assimi Goïta répond par des arguments musclés sous-tendus par la montée en puissance de l’armée malienne, la troisième de la sous-région après le Nigeria et le Ghana. Donc la Côte d’Ivoire a revu à la baisse ses intentions bellicistes.
La CEDEAO entre dans la danse avec le coup de pouce de la France. On invoque la création d’une force internationale ouest africaine pour faire front aux coups d’État, Bamako ne bronche pas. Un ultimatum est ensuite lancé pour faire peur aux militaires de libérer les soldats ivoiriens au plus tard le premier janvier. La CEDEAO et le Mali sont de nouveau à couteau tiré sauf que certains pays n’envisagent pas de coup de force sachant qu’ils ne peuvent pas venir à bout de notre pays. Le Togo fait partie de ces pays. Assimi privilège cette médiation, la CEDEAO est mise aux piloris.
Auparavant, la justice malienne condamne à 20 ans de réclusion criminelle les militaires ivoiriens fin décembre retenant contre eux les crimes d’attentat et de complot contre l’État malien. L’affaire s’embrase, le monde entier est en émoi, les autorités restent fermes. Les 3 femmes libérées fin septembre sont, quant à elles, condamnées par contumace à la peine de mort.
L’ultimatum prévu pour le 1er janvier expire, tous les regards sont tournés vers le Mali, mais Assimi et ses camarades tiennent bons. La CEDEAO évite une nouvelle sanction contre le Mali préférant adopter une attitude plus conciliante.
La sentence tombe le week-end dernier, Assimi prend ses responsabilités et réagit conformément au mémorandum signé entre le Mali et la Côte d’Ivoire dont les responsables avaient pris d’assaut la capitale malienne pour un dernier baroud d’honneur. Et en vertu des relations séculaires entre les deux pays, le président de la Transition a fait usage de la grâce présidentielle en libérant les prisonniers de “guerre”. Abidjan pousse un ouf de soulagement, le monde entier respire. Oui, Assimi restera un Grand, un président légendaire !
Quelle leçon tirée d’une telle incurie de déstabilisation ?
En tirant sur la corde, nos autorités voulaient donner une leçon aux ivoiriens et éviter qu’à l’avenir un tel scénario ne se produise. Cela est d’autant plus vrai que des actes rédhibitoires se multipliaient contre le Mali. La promptitude à laquelle cette affaire a été gérée prouve que nos militaires sont arrivés à maturité, que ce ne sont plus des amateurs qui sont au pouvoir, mais des hommes d’expérience rompus à la haute gestion et à la haute médiation. Leur patriotisme force le respect. C’est pourquoi ils ont le respect de tous les Maliens.
Issiaka SIDIBÉ