- L’économie du Mali a relativement bien résisté malgré les multiples chocs subis depuis 2020, incluant coups d’État, sanctions et crise du coût de la vie à la suite de la guerre en Ukraine. La population malienne est toutefois confrontée à une forte insécurité alimentaire tandis que le pays fait face à de graves problèmes de sécurité intérieure.
- L’absence d’appui budgétaire extérieur et le resserrement des conditions financières limitent les possibilités de financement du Mali, alors que les pressions sur les dépenses ne faiblissent pas, en particulier en matière de sécurité et de masse salariale.
- Réduire le déficit budgétaire et se rapprocher plus rapidement du plafond de 3 % du PIB de déficit budgétaire fixé par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine contribuerait à garantir la viabilité de la dette et à faciliter le financement de l’endettement.
Washington, DC: Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par M me Wenjie Chen, a mené des entretiens virtuels sur les consultations de 2023 au titre de l’article IV avec le Mali du 6 au 17 mars 2023. La mission a eu des échanges constructifs avec divers homologues, y compris le gouvernement et le secteur privé, sur les perspectives et les risques économiques, les progrès en matière de réforme, les défis et politiques économiques.
À l’issue de la visite, Mme Chen a publié la déclaration ci-après :
« L’économie malienne a subi de multiples chocs depuis 2020. Elle a cependant relativement bien résisté, avec une croissance économique supérieure à 3 % en 2021 et à 3,7 % en 2022. Le pays est toujours confronté à de graves problèmes de sécurité avec une incidence directe sur l’insécurité alimentaire.
« Le déficit budgétaire de l’État, qui se situe juste en dessous de 5 % du PIB en 2022, reflète une augmentation rapide des dépenses de sécurité, des salaires de la fonction publique et de la facture des intérêts. Conjointement, ces postes consomment près de 80 % des recettes budgétaires et risquent d’évincer les dépenses favorables à la croissance, notamment dans les domaines de la protection sociale et des investissements. L’absence d’appui budgétaire extérieur, conjuguée au durcissement des conditions de financement dû au resserrement de la politique monétaire mondiale, a entraîné une augmentation du coût du financement. Les sources de financement, quant à elles, s’amenuisent.
« Les perspectives à court terme restent positives, mais sujettes à des risques baissiers considérables. La croissance du PIB réel devrait remonter à plus de 5 % en 2023 et 2024 grâce à une robuste production agricole et aurifère. Cette prévision repose sur la tenue d’élections en 2024, qui devrait permettre de mobiliser à nouveau des appuis budgétaires extérieurs et attirer les investissements étrangers. Toutefois, les risques sont plutôt défavorables et comprennent une détérioration de la situation en matière de sécurité, des retards potentiels dans les élections, la volatilité des prix internationaux des matières premières, le resserrement des conditions financières mondiales et les risques liés au climat.
« Parallèlement, les réserves budgétaires et extérieures ont diminué, fragilisant le Mali face à une nouvelle détérioration des conditions de financement. Il y a eu un durcissement des modalités de refinancement bancaire de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et de faibles taux de souscription pour les émissions de dette régionale du gouvernement malien fin 2022 et au cours des premiers mois de 2023, par exemple.
« Par conséquent, réduire le déficit budgétaire à court terme et se rapprocher du plafond de 3 % fixé par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) revêtent une plus grande urgence. Un objectif majeur est d’améliorer la mobilisation des recettes intérieures. Les mesures essentielles à court terme seront l’élimination de diverses exonérations fiscales et l’expansion de la fiscalité numérique. Sur le plan des dépenses, restreindre l’augmentation de la masse salariale du secteur public sera la mesure la plus importante. Il conviendra également de supprimer progressivement les subventions et les transferts non ciblés et de redéfinir les priorités en matière de transferts sociaux afin de cibler les ménages les plus vulnérables. L’efficacité des dépenses publiques devra également être améliorée grâce à une gestion plus rigoureuse de la trésorerie et à des contrôles plus stricts des engagements.
« Le renforcement de la gouvernance et l’intensification de la lutte contre la corruption seront essentiels pour favoriser les perspectives de croissance à moyen terme. Parmi les mesures indispensables figurent le renforcement des rôles des organes judiciaires et de poursuite en matière d’enquête sur des faits de corruption, et l’amélioration de la transparence des marchés publics et de l’industrie minière.
« Les politiques de lutte contre le changement climatique seront également importantes, de même que les réformes des secteurs de l’éducation et de la santé, telles que la création d’opportunités de formation professionnelle, la promotion de la participation des femmes au marché du travail et la recherche d’une plus grande équité entre les hommes et les femmes.
« La mission tient à remercier les autorités et ses autres interlocuteurs pour leur étroite collaboration et la qualité des échanges ».
L’équipe a rencontré le ministre des Finances, M. Alousséni Sanou, le directeur par intérim de la BCEAO à Bamako, M. Barema Bocoum, des directeurs et des membres du personnel des principaux ministères et organismes publics, des partenaires au développement et le secteur privé.