L’année 2022 s’est déroulée dans un calme relatif et on peut même dire que depuis le début de la transition militaire formule Assimi Goïta, en dehors des démêlés avec la Cedeao et du bras de fer avec la France, le parcours politique des colonels ressemble à un long fleuve tranquille. De visites de courtoisie aux personnes âgées de la capitale agrémentées de dons en somme importante d’argent en tournées dans les campagnes accompagnées de promesses de forages de puits et de dons de moulins aux femmes rurales, la transition militaire semblait bien tenir sa barque avec la complicité des politiciens opportunistes et d’une société civile vénale à souhait.
Mais, brusquement, en cette fin d’année 2022, comme une charrue mise devant des bœufs affolés, l’horizon semble s’assombrir plus que de raison. D’abord, suite à la maladie du Premier ministre Choguel Maïga, le service est devenu minimum chez les vidéo men de la Primature qui font l’apologie de la transition de manière souvent à faire baisser de honte la tête du chef de l’Etat lui-même.
Ensuite le corps social et politique jusque-là mis aux pas par les colonels, semble se mettre en ébullition face aux promesses non tenues par le gouvernement et l’incontrôlable cherté de la vie qui semble être inventée par des intouchables et qui demeure sans remède en dépit du discours populiste des dirigeants liant ce contexte à la guerre en Ukraine située à des milliers de km du Mali.
Sur le plan politique, l’avant-projet de la nouvelle constitution, rédigé par une commission à la légitimité décriée bien que l’actuelle soit encore en vigueur et fonctionne normalement, ne semble pas avoir l’aval de tous pour ne pas dire qu’il ne fait pas l’unanimité. Le Parena dans un mémorandum savamment écrit et diffusé début novembre 2022, l’avait carrément rejeté dans le fond et la forme. Il souligne non seulement l’inopportunité d’une nouvelle constitution, mais également l’illégitimité de la commission chargée de la rédiger car fondamentalement différente d’une conférence nationale et émanant d’un régime putschiste. Même son de cloche chez l’Adéma-PASJ, parti majoritaire sur le double plan politique et administratif, pour qui la constitution de 1992 n’a rien fait de mal pour être remplacée par une autre rédigée par une commission aux ordres, et qui revient aussi sur les mêmes manquements constatés sur le plan constitutionnel par le Parena.
Mais c’est surtout le front social qui inquiète. L’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) a décrété 72 heures de grève sur toute l’étendue du territoire national à partir du lundi 21 novembre et il semble que ce mot d’ordre a été largement suivi. L’Association des Elèves et Etudiants menace de remettre cela au mois de décembre, si jamais ses doléances ne sont pas sérieusement examinées. Plus grave, la Synergie des Syndicats de l’Education, qui avait mis en veilleuse ses revendications à cause de l’embargo imposé au pays en janvier 2021 par la Cédéao, menace d’aller en grève du mercredi 14 au vendredi 16 décembre 2022, si l’article 39 de ses doléances n’est pas pleinement appliqué.
En somme, du grand charivari en perspective, si l’on y prend garde.
*Charivari
Facoh Donki Diarra