Au milieu des décombres, des enfants ramassent des paquets de chips sauvés des flammes tandis que des hommes déblaient ce qu’il reste de tentes ou d’abris de fortune carbonisés après une frappe israélienne dans un camp de déplacés de la ville de Rafah.
L’opération, qui a duré plusieurs heures dans la nuit de dimanche à lundi, a entraîné la mort d’au moins 45 personnes selon les autorités locales de la bande de Gaza, où le mouvement palestinien Hamas est au pouvoir.
« Les gens n’ont été ni blessés ni tués: ils ont brûlé », a déclaré à l’AFP Mohammad Hamad, 24 ans, au lendemain de la frappe.
« La fille de mon cousin, une enfant de 13 ans tout au plus, faisait partie des +martyrs+. Ses traits étaient méconnaissables car les éclats d’obus lui ont arraché le visage. »
L’armée israélienne a déclaré qu’un de ses avions militaires avait « frappé un complexe du Hamas à Rafah » dimanche soir, tuant deux responsables du mouvement islamiste palestinien.
La frappe a provoqué un incendie qui a ravagé le camp dans la zone de Tal al-Sultan du gouvernorat de Rafah, réduisant en cendres les tentes et les abris des habitants de la bande de Gaza déplacés par plus de sept mois de combats entre l’armée israélienne et les mouvements armés de ce territoire palestinien.
Au matin, du camp improvisé, il ne restait plus que des morceaux de tôles noircies et des planches de bois calcinées.
« Quand nous avons entendu le bruit (de l’explosion), le ciel s’est soudain illuminé », a raconté à l’AFP Mouhannad, un Palestinien déplacé qui a assisté à la scène.
« Nous avons vu des corps carbonisés et des membres démembrés suite à l’utilisation de (…) missiles qui ont provoqué un incendie massif », a déclaré lundi à l’AFP Mohammad al-Mughayyir, directeur de la Défense civile de Gaza.
– « Le sol a tremblé » –
M. Mughayyir, qui a supervisé des secours après le départ de feu, a déclaré que les pénuries de carburant et le manque d’eau ont rendu la lutte contre le brasier particulièrement difficile.
« Nous avons également constaté qu’il y avait des personnes démembrées, des enfants, des femmes et des personnes âgées parmi les morts », a-t-il ajouté.
Choqués, des Palestiniens qui avaient cherché refuge dans cette partie de la ville après avoir reçu l’ordre de l’armée israélienne d’évacuer d’autres secteurs, ont confié à l’AFP leur incompréhension.
« Ils ont largué des tracts nous demandant de nous rendre dans la zone humanitaire de Tal al-Sultan, alors nous avons obtempéré et sommes venus ici », raconte à l’AFP Abou Mohammad, un homme qui est parti de chez lui, dans le nord de la bande de Gaza, quelques semaines après le début de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du Hamas sur le territoire israélien.
« Et malgré cela, hier, au moment où je dînais, au coucher du soleil, j’ai soudain ressenti comme un tremblement de terre ».
Mohammad Abou Qamar, 27 ans, a également été surpris par les frappes, ayant lui aussi quitté le nord pour s’installer dans le camp qualifié de « zone sûre » par les autorités israéliennes.
« Hier soir, à notre grande surprise, le camp a été bombardé », alors que cet endroit était considéré « soi-disant sûr », a-t-il déclaré à l’AFP. « Un incendie s’est déclaré et des enfants, des femmes et des personnes âgées ont été brûlés. »
À la clinique Tel al-Sultan, le sol d’une pièce est recouvert de linceuls improvisés dans des morceaux de draps blancs. Les dépouilles ont ensuite été amenées dans des camionnettes pour être enterrées.
Au milieu du cortège macabre, un homme pleure sa soeur, Yasmine Miqdad, tuée dans la frappe.
« Elle était enceinte de sept mois, sa chambre a été bombardée », dit Ahmed Miqdad à l’AFP. « Elle se préparait à accueillir son bébé ».
« Qu’a fait cet enfant innocent pour mériter cela ? », lance-t-il.
Lundi, l’armée israélienne, ainsi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont dit que la frappe sur ce camp faisait l’objet d’une enquête. M. Netanyahu l’a qualifiée « d’accident tragique.