Les Etats-Unis ont mis en garde dimanche l’Iran et ses organisations affiliées contre tout élargissement du conflit au Proche-Orient, avertissant qu’ils « agiront » en cas d’attaques contre leurs intérêts et Israël et annonçant un déploiement militaire renforcé.
Quelques heures après que le Pentagone eut annoncé une montée en puissance de son dispositif militaire dans la région face à de « récentes escalades par l’Iran et ses forces affiliées », les ministres de la Défense Lloyd Austin et des affaires étrangères Antony Blinken ont exprimé leurs vives « préoccupations » face au risque d’embrasement régional.
Après deux semaines de guerre contre le Hamas palestinien, Israël se prépare à une offensive terrestre dans la bande de Gaza en état de siège et l’Iran, allié du groupe islamiste palestinien, a averti Washington et l’Etat hébreu que la situation risquait de devenir « incontrôlable » au Proche et Moyen-Orient.
De fait, « nous sommes inquiets de la possibilité que des intermédiaires de l’Iran fassent monter leurs attaques contre notre propre personnel (militaire), nos propres ressortissants », a répondu le secrétaire d’Etat Antony Blinken sur la télévision CBS.
« Personne ne devrait tirer avantage de ce moment pour faire grimper les attaques contre Israël ou contre nous, contre notre personnel » militaire et civil dans la région, a-t-il prévenu.
– « Agir en conséquence » –
Juste avant sur la chaîne ABC News, le secrétaire à la Défense a martelé à l’adresse de « ceux qui chercheraient à élargir le conflit (…): notre conseil est +ne le faites pas+. Nous préservons notre droit à nous défendre et nous n’hésiterons pas à agir en conséquence ».
« En fait, ce à quoi nous assistons », a insisté M. Austin, « est la perspective d’une escalade significative des attaques contre nos troupes et nos ressortissants dans la région ».
Il a, lui aussi, averti « toute organisation ou tout pays qui chercheraient à élargir le conflit et à tirer avantage de cette situation extrêmement fâcheuse », mais sans citer nommément l’Iran ou le Hezbollah qu’Israël a accusé dimanche d' »entraîner le Liban dans la guerre ».
Les Etats-Unis vont « faire ce qu’il faut pour assurer que (leurs) troupes sont bien positionnées, protégées et qu'(ils ont) la capacité de répondre », a indiqué le patron du Pentagone.
Dans un communiqué dans la nuit de samedi à dimanche, Washington a annoncé le déploiement d’un système de défense antimissile à haute altitude (THAAD) ainsi que plusieurs batteries de missiles sol-air Patriot « dans la région ».
En outre, des forces militaires « supplémentaires » vont être placées en état de « pré-déploiement », afin d' »augmenter leur préparation et leur capacité à répondre aussi vite que nécessaire », selon le Pentagone.
– « Dissuasion » et « défense d’Israël » –
Il s’agit, selon Llyod Austin, de « renforcer » la « dissuasion régionale » et de « contribuer à la défense d’Israël ».
Le Pentagone n’a pas précisé combien de militaires seraient déployés en plus des soldats déjà présents dans la région, notamment en Irak où des troupes américaines ont récemment été la cible d’attaques.
Les Etats-Unis ont d’ailleurs ordonné vendredi l’évacuation du personnel non essentiel de son ambassade à Bagdad et de son consulat à Erbil « en raison des menaces de sécurité croissantes pesant sur le personnel et les intérêts des Etats-Unis », a annoncé dimanche le département d’Etat.
Selon le ministre Llyod Austin, le renforcement du dispositif militaire a été décidé après des « discussions précises » avec le président Joe Biden, lequel était en Israël mercredi notamment pour obtenir du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi un accès humanitaire à la bande de Gaza, via le poste-frontière de Rafah.
Un second convoi de 17 camions transportant de l’aide est d’ailleurs entré dimanche dans le territoire palestinien assiégé, dans une situation humanitaire catastrophique et contre lequel Israël intensifie ses bombardements.
Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré le territoire israélien depuis la bande de Gaza, semant la terreur lors d’une attaque sans précédent depuis la création d’Israël en 1948.
Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, pour la plupart des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou mutilés le jour de l’attaque, selon les autorités israéliennes.
Dans la bande de Gaza, au moins 4.651 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués dans les bombardements incessants menés en représailles par l’armée israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas.