Les Etats-Unis ont annoncé mercredi intégrer Israël à leur programme d’exemption de visa, une décision qui était longuement attendue par l’Etat hébreu, mais qui est critiquée par des élus démocrates et des organisations pro-Palestiniens.
Cette décision intervient après un accord de réciprocité sur les exemptions de visa conclu en juillet entre les Etats-Unis et Israël, et à l’issue d’une période « réussie » de mise à l’essai de plusieurs mois.
Selon les termes de l’accord, Israël s’est engagé à ce que tous les ressortissants des Etats-Unis voyageant avec un passeport américain valide soient reconnus comme tels et bénéficient d’un traitement égal sans distinction de race, de religion ou d’origine.
De la même manière, les Israéliens souhaitant se rendre aux Etats-Unis pourront le faire sans visa à compter « du 30 novembre », précise le communiqué de l’administration Biden.
Cette annonce marque « une étape essentielle en faveur de notre partenariat stratégique avec Israël, qui renforcera encore l’engagement de longue date entre les peuples, la coopération économique et la coordination sécuritaire », a salué le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
Elle permettra une plus grande « liberté de mouvement aux citoyens américains, notamment ceux vivant dans les territoires palestiniens, ou en étant en partance ou en destination », a-t-il poursuivi.
« Cela vous permettra, citoyens d’Israël, de vous épargner beaucoup de temps, de soucis et d’argent », a également réagi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, exprimant dans un communiqué sa « profonde gratitude au président Joe Biden ».
La décision intervient « après des années d’efforts pour s’assurer qu’Israël adhère aux obligations strictes liées à ce programme d’exemption de visa » et « n’a pas été prise pour faire une faveur à Israël », avaient assuré deux responsables américains en amont de l’annonce officielle.
– « Récompense » –
Les Etats-Unis avaient jusqu’au 30 septembre pour déterminer si Israël pouvait être admis dans le programme d’exemptions de visas.
Une dizaine d’élus démocrates avaient récemment écrit au président Biden pour lui demander de surseoir à cette décision, affirmant qu’Israël n’avait pas apporté suffisamment de garanties.
L’annonce intervient quelques jours après la rencontre lors de l’Assemblée générale de l’ONU à New York du président américain Joe Biden et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, après des mois de tensions entre les deux dirigeants à propos de la réforme du système judiciaire israélien jugée « anti-démocratique » par Washington, et de la poursuite de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens.
« La décision américaine semble être une récompense accordée à Israël », a réagi mercredi le ministre palestinien des Affaires sociales Ahmed Majdalani auprès de l’AFP, estimant que « cela confirme que l’Amérique se tient tout le temps du côté d’Israël ».
« Nous attendons de l’administration américaine qu’elle tienne ses promesses envers les Palestiniens et qu’elle mette en place les mêmes procédures pour les citoyens palestiniens, conformément à ses engagements », a aussi commenté le ministère palestinien des Affaires étrangères.
– Plainte –
Aux Etats-Unis, les ressortissants de 40 pays sont à ce jour exemptés de visas d’entrée pour des séjours courts de loisirs ou d’affaires. Israël négociait son adhésion à ce programme depuis plusieurs années.
Mais le traitement des Palestino-Américains constituait la principale pierre d’achoppement.
Jusqu’à présent, les Palestiniens possédant la nationalité américaine ne pouvaient pas entrer en Israël sans visa lorsqu’ils transitaient par l’aéroport international Ben Gourion, près de Tel Aviv, et étaient contraints de passer par la Jordanie limitrophe.
Pendant la période d’essai, « quelque 100.000 citoyens américains dont des dizaines de milliers de Palestino-Américains », ont pu entrer en Israël sans visa et se rendre directement en Cisjordanie, ont souligné des responsables américains.
Dès avant l’annonce officielle, la Commission contre la discrimination contre les Arabes-Américains (ADC) a dit mardi avoir déposé une plainte contre le gouvernement américain, assurant dans un communiqué qu’en intégrant Israël au programme d’exemptions de visas, les Etats-Unis « soutiennent explicitement des pratiques discriminatoires d’Israël envers les Palestiniens, y compris des citoyens américains, en violation de ses propres lois ».
Dans de récents entretiens accordés à l’AFP, une vingtaine de Palestino-Américains ont dénoncé une persistance des inégalités de traitement de la part des autorités israéliennes.