«Depuis l’installation de l’usine d’engrais à Ndande Sylla (commune de Thiénéba), l’année dernière, ce paisible village est plongé dans une tragédie silencieuse. L’odeur fétide qui émane de cette installation commence à empoisonner lentement mais sûrement la population locale». Le constat du coordinateur de la Section FRAPP/Thiès, M. Omar Bâ.
«Les témoignages des habitants révèlent une situation alarmante : les maux de tête, les problèmes respiratoires et les décès inexpliqués se multiplient. Pire encore, le bétail, pilier de l’économie locale, meurt par dizaines, causant des pertes inestimables aux éleveurs».
M. Bâ s’offusque du fait que «les autorités locales et administratives, pourtant informées à maintes reprises de la gravité de la situation, semblent rester sourdes aux appels désespérés des villageois. Leur inaction face à cette catastrophe environnementale et sanitaire suscite incompréhension et colère». Il note que «les habitants de Ndande Sylla se sentent abandonnés, livrés à eux-mêmes face à un danger qui les dépasse».
Face à cette «inertie des pouvoirs publics», le coordinateur de la Section FRAPP/Thiès, d’alerter : «des jeunes de la localité ont décidé de prendre les choses en main. Voyant leur bétail périr sous leurs yeux, ils se sont constitués en groupe de veille pour exiger l’arrêt des activités de l’usine. Leur action, certes empreinte de désespoir, visait avant tout à protéger leur communauté et leur environnement». Cependant, déplore M. Omar Bâ, «leur tentative de se faire entendre a été brutalement réprimée : ils ont été arrêtés et emprisonnés, ajoutant l’injustice à l’indignation».
«Nous ne pouvons en aucun cas encourager la destruction des biens d’autrui, mais il est impératif que l’État prenne ce dossier en charge avant que l’irréparable ne se produise”, prévient le responsable de FRAPP/Thiès.
«L’inaction n’est plus une option, indique-t-il. Les autorités doivent impérativement intervenir pour enquêter sur les activités de l’usine, évaluer les dommages causés et prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé des habitants et la survie de leur bétail».
Par ailleurs, il sollicite la clémence de la justice pour les jeunes emprisonnés. Selon lui, «leur acte de désobéissance civile était une réponse désespérée à une situation critique, non une volonté de nuire».
«Libérer ces jeunes permettra de rétablir le calme dans cette localité, de restaurer la confiance des habitants envers les institutions et d’éviter que ne s’installe un sentiment de protection injuste envers le propriétaire de l’usine, perçu comme bénéficiant de la protection de personnes haut placées», estime-t-il.
La situation à Ndande Sylla, aux yeux de M. Bâ, est «une tragédie qui appelle à une action rapide et déterminée des autorités». Et d’indiquer : «La protection de la santé publique et de l’environnement doit être une priorité absolue. Le peuple de Ndande Sylla ne doit plus se sentir abandonné. La justice et l’État doivent se mobiliser pour que cette paisible localité retrouve la sérénité et la dignité qu’elle mérite».