En réalité, les relations entre les banques et les petites entreprises ressemblent à des vieux couples toujours en querelle mais qui sont incapables de se désagréger. Si les premières réclament les entreprises à se conformer aux exigences bancaires, les secondes revendiquent aux banques d’assouplir les procédures à l’accès au financement.
Le secteur bancaire malien est exhortant avec 17 établissements de crédit (14 banques et trois établissements financiers). Dans ce contexte, le climat des affaires reste exauçant mais les relations entre établissements bancaires et les petites entreprises sont de plus en plus nébuleuses sur l’accès au crédit. En effet, les banques sont généralement frileuses pour ce qui concerne le financement des petites entreprises. Les banques reprochent aux petites entreprises de ne pas présenter des états financiers fiables, des garanties suffisantes ou elles estiment que les risques d’insolvabilité de remboursement de crédits sont importants. A contrario, les petites entreprises accusent les banques d’appliquer des procédures lourdes inhérentes à leur demande de crédits, des taux d’intérêts exorbitants, des échéances de remboursement très courtes et des méthodes agressives de recouvrement de crédits. Quelles sont les solutions pour faciliter l’accès au financement ?
Il faut dans un premier temps et très rapidement une forte implication de l’Etat d’une part pour réglementer et transformer progressivement certaines activités dans le secteur informel en secteur formel. Cela est impératif surtout quand on sait que pour environ soixante-dix pour cent des échanges économiques des acteurs demeurent dans l’informel et où la majorité n’a pas accès au secteur bancaire. D’autre part, l’Etat doit inciter les petites entreprises (en fonction de leur taille) à tenir une comptabilité claire et transparente. Cela simplifiera du côté des banques les études sur les demandes de financement et renforcera dans le même temps, les relations entre banques et petites entreprises. Enfin, toujours dans le cadre de l’intervention publique, l’Etat doit proposer et acquérir plus de participation dans le capital de certaines banques maliennes. Cela permettra à l’Etat d’influer de manière positive et significative sur les décisions du conseil d’administration de ces banques concernant l’octroi de crédits. En contrepartie, l’Etat proposera aux banques des assurances de recouvrement de crédits en cas d’insolvabilité du côté des petites entreprises en forte difficulté.
Dans un second temps, la réforme de l’appareil judiciaire est une condition sine qua non pour réguler davantage les conditions de récupération des crédits défaillants du côté des banques. Enfin, les banques doivent s’adapter à l’évolution de la société malienne. D’autant qu’on constate depuis quelques années une émergence progressive d’une classe sociale moyenne caractérisée par la consommation de masse même si celle-ci reste encore fragile. Toutes ces mesures permettront de renforcer les relations banques-entreprises et ainsi contribuer à l’amélioration de la croissance économique pour un Mali qui se veut émergent.