Est-ce la fin de l’idylle entre le Président, Macky Sall, et son allié à la Maison Blanche, le Président, Joe Biden ? Jusque-là, le chef de l’État sénégalais était en odeur de sainteté à la Maison Blanche et bénéficiait de la mansuétude de Washington lors des troubles meurtriers de juin. Le Président américain n’hésitait pas à poser avec son homologue sénégalais lors des sommets internationaux et fut un des soutiens de M. Sall dans son initiative pour l’entrée de l’Afrique au G20. Mais depuis les récents évènements au Sénégal, le ton semble avoir changé et le pays de l’Oncle Sam semble excédé par les manœuvres du président sénégalais.
Le vote du report de la présidentielle au Sénégal au 15 décembre « ne peut être considéré comme légitime », ont affirmé les Etats-Unis qui « demandent instamment au gouvernement du Sénégal d’organiser l’élection présidentielle conformément à la Constitution et aux lois électorales ».
« Les Etats-Unis sont profondément préoccupés par les mesures prises pour repousser l’élection présidentielle du 25 février au Sénégal, une mesure qui va à l’encontre de la forte tradition démocratique du pays », a déclaré Matthew Miller, porte-parole au Département d’Etat, cité dans un communiqué publié dans la nuit de mardi à mercredi.
Il demande également de veiller au respect des libertés de réunion pacifique et d’expression, y compris pour les membres de la presse.
Le Sénégal est plongé dans une grave crise politique depuis samedi et l’annonce du président Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, de repousser sine die le scrutin présidentiel qui devait avoir lieu le 25 février.
Le report a été entériné par un vote du Parlement lundi soir dans une ambiance chaotique, après que les députés de l’opposition qui faisaient obstruction au vote ont été expulsés manu militari par la gendarmerie.
« Compte tenu des conditions dans lesquelles il s’est déroulé, le vote de l’Assemblée nationale ne peut être considéré comme légitime », estiment les Etats-Unis.
« Les Etats-Unis continueront de dialoguer avec toutes les parties et les partenaires régionaux dans les jours à venir », conclut le communiqué.