Alors que l’Initiative “la Ceinture et la Route” lancée par la Chine va célébrer son 10e anniversaire en 2023, avec des résultats tangibles dans presque tous les continents, certains contempteurs n’ont pas trouvé mieux que d’affirmer qu’elle a endetté davantage les pays africains. Selon un rapport publié par le directeur des partenariats et des communications d’AidData, Alex Wooley, “la Ceinture et la Route” a été utilisée pour accorder des “prêts de sauvetage d’urgence” à des pays en difficultés de remboursement. Ledit rapport stipule que moins de 5 % du portefeuille de prêts à l’étranger de Beijing a soutenu les pays emprunteurs en difficulté en 2010, mais ce chiffre a grimpé à 60 % en 2022. Alex Wooley soutient que “la Chine a réagi à la vague croissante de surendettement en s’éloignant des prêts aux projets d’infrastructure et en intensifiant les opérations de soutien à la liquidité”. Pour lui, près de 80 % de ses prêts de sauvetage d’urgence ont été émis entre 2016 et 2021. En lisant attentivement cette étude, l’on voit clairement qu’elle occulte une grande part de la réalité pour ressasser à nouveau l’éternel piège de la dette dans laquelle la Chine semble entraîner l’Afrique depuis des lustres. Si ce piège était si réel et si redoutable, il aurait déjà fait des désastres depuis que l’on en parle. Christoph Trebesch, co-auteur de l’étude, estime, pour sa part, que leurs “résultats ont des implications pour le système financier et monétaire mondial” qu’ils voient “devenir plus multipolaire, moins institutionnalisé et moins transparent”. Si l’on s’inquiète tant pour l’Afrique qui serait tombée dans une trappe de la dette, pourquoi se lamenter du fait que le système financier et monétaire mondial serait en train de devenir multipolaire ? Les auteurs de ce rapport, s’ils sont animés d’une certaine objectivité, devraient applaudir la multipolarisation du système financier et monétaire mondial qui serait à l’avantage de tous. Pourquoi vouloir que le système soit entre les mains des mêmes et qui dicteraient leurs volontés aux autres ? En quoi un système unipolaire est-il plus transparent qu’un système multipolaire ?
C’est faire preuve d’une aberration que d’occulter les réalisations d’infrastructures dont a bénéficié l’Afrique dans le cadre de sa coopération avec la Chine. Ceux qui se targuent d’être les partenaires de premier plan du continent africain y ont plutôt mené pendant plusieurs décennies une politique de prédation des ressources. Voyant qu’ils sont en train de perdre toute crédibilité en Afrique, ils veulent à tout prix présenter la Chine comme un épouvantail afin de préserver leurs privilèges. La Chine, dans son rapport avec l’Afrique, a toujours insisté sur un partenariat gagnant-gagnant. Elle a voulu aider l’Afrique à combler son retard en termes d’infrastructures à travers des initiatives concrètes. Dans la dynamique du Forum sur la coopération sino-africaine, le développement socioéconomique dans bon nombre de pays africains a connu un bond qualitatif. Les statistiques indiquent que depuis la création du Forum sur la coopération sino-africaine, les entreprises chinoises ont construit et modernisé en Afrique plus de 10 000 kilomètres de voies ferrées, près de 100 000 kilomètres de routes, près de 1 000 ponts, près de 100 ports et un grand nombre d’hôpitaux et d’écoles. Plus de 4,5 millions d’emplois ont été créés. En 2021, le volume total des échanges entre la Chine et l’Afrique a dépassé 250 milliards de dollars. Selon les statistiques officielles des États-Unis, en 2021, la valeur totale des exportations américaines vers l’Afrique est estimée à 26,7 milliards de dollars américains, et la valeur totale des importations américaines de non-marchandises, à de 37,6 milliards de dollars américains, les deux étant nettement inférieurs à ceux de 2011.
Principe d’ouverture et de transparence
Pour revenir à la quête de la dette, la Chine s’est toujours montrée disponible pour accompagner l’Afrique. Elle mène une coopération en matière d’investissement et de financement avec les pays en développement sur la base du principe d’ouverture et de transparence en se conformant aux lois du marché et aux règles internationales. Il n’a jamais été question de forcer aucune partie à emprunter de l’argent, ni à rembourser une dette, encore moins à imposer des conditions aux accords de prêts. C’est dans un esprit de concertation et de consultation et sur la base des priorités de ses partenaires africains et autres que la Chine concentre ses investissements étrangers. Sa coopération financière sur les infrastructures, la production et la construction vise à aider les pays en développement à améliorer leurs capacités de développement qui s’inscrit dans la durée.
La mise au point de la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, à propos du remboursement des dettes a été suffisamment claire. “Affecté par de nombreux facteurs externes, le risque d’endettement des pays en développement a considérablement augmenté ces dernières années. Certaines personnes profitent de l’occasion pour vanter les mérites du soi-disant ‘piège de la dette’ et ‘des prêts opaques’ en Chine, et verser de l’eau sale sur la Chine. Nous ne l’accepterons jamais. La Chine s’est toujours engagée à soutenir le développement économique et social des pays en développement. L’insuffisance des fonds est le goulot d’étranglement qui limite la prospérité et la revitalisation de nombreux pays”, a-t-elle souligné.
Vouloir à tout bout de champ exhiber la question de la dette pour discréditer un partenaire qui fait mieux que les autres en termes d’investissements et de coopération, c’est faire preuve d’une myopie devant une réalité qui parle d’elle-même. La Chine, contrairement à d’autres qui se sont lancés dans des aventures guerrières pour imposer “la démocratie” et “les droits de l’Homme”, a toujours mis en priorité les questions de développement, garantes de la stabilité et de la paix au monde. Les propos de l’ancien président américain, Jimmy Carter, sont encore d’actualité : “(…) Nous avons gaspillé 3 000 milliards de dollars en dépenses militaires. La Chine n’a pas gaspillé un centime pour la guerre, et c’est pourquoi elle est en avance sur nous dans presque tous les domaines. Et si on avait pris 3 000 milliards pour les mettre dans les infrastructures américaines, nous aurions un chemin de fer à grande vitesse…” Voilà qui est au moins clair. Il faudra désormais trouver d’autres arguments plus convaincants que le piège de la dette pour discréditer la Chine.