Dans son livre Les Rébellions au Mali : des origines à nos jours, Dr. Choguel K. Maïga, a publié un extrait de la déclaration liminaire de la conférence des cadres de son parti, le MPR, tenues le samedi 13 juin 2015. Dans cette déclaration, le parti du Tigre marque son adhésion à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus, malgré ses insuffisances, et enjoint les Maliens à faire de même. Motif invoqué : Son rejet aurait comporté plus d’inconvénients que d’avantage et aurait surtout profité à ceux qui ne se préoccupent nullement de sécurité et de développement.
Aujourd’hui, au moment où l’Accord pour la paix n’a jamais été aussi remis en cause, que Choguel K. Maïga, devenu dans l’entrefaite Premier ministre, et son parti se murent dans un silence de cimetière. Pis, le Tigre en chef s’est révélé être l’un des pires pourfendeurs de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Pour édulcorer ses propos, il parle de l’application intelligente de l’Accord que personne ne comprenne du reste. Ce qui ne saurait masquer son hostilité vis-à-vis de l’Accord pour la paix. Une façon pour lui de suivre la direction du vent, comme à son habitude. Puisque, il n’est un secret pour personne que l’Accord pour la paix a toujours été rejeté par une partie de la population qui le juge comme un instrument de partition du Mali.
Une inconstance que soulignent plusieurs observateurs de la vie politique dans notre pays. De deux choses l’une : soit l’ancien porte-parole du gouvernement sous IBK et son parti n’étaient pas sincère à l’époque soit ils ne le sont pas aujourd’hui. Dans les deux cas, le Premier ministre et son parti en sortent totalement discrédités et étalent au grand jour leur incohérence et inconstance.
Nous vous proposons ci-dessous l’extrait de la déclaration liminaire de la conférence des cadres du MPR, le samedi 13 juin 2015, tiré du livre de Choguel K Maïga intitulé : Les Rébellions au Mali : des origines à nos jours.
Abdrahamane SISSOKO
LE MPR ET L’APR : Pourquoi adhérer ?
(Extrait de la déclaration liminaire de la conférence des cadres du MPR, le samedi 13 juin 2015)
… L’on ne peut ignorer qu’il s’agit d’un texte issu de négociations et toute négociation intègre un certain nombre de paramètres pour aboutir à un accord qui concilie. Négocier consiste à posséder son dossier, à se présenter devant une partie adversaire en disposant d’une stratégie après avoir retenu une somme de concessions susceptibles d’être consenties. L’Etat s’est présenté dans une position pas des plus confortables. Il n’empêche, il s’y est présenté avec un objectif et une stratégie avec la ferme volonté de négocier que ce qui est négociable.
Pour cette raison, l’objectif ne souffrait d’aucune équivoque : quoi qu’il arrive, quelles que soient les circonstances, ne pas transiger sur un certain nombre de points, ceux-là même qui fondent notre existence en tant que nation, Etat souverain aux frontières reconnues par des traités internationaux. La stratégie consiste à présenter la décentralisation comme moyen le plus sûr pour associer les populations à la gestion de leurs affaires. A l’analyse, il ne serait pas excessif de soutenir que la stratégie a été efficace et l’objectif atteint. Le document est source de satisfaction pour cinq raisons suivantes :
– il intègre bon nombre de recommandations formulées par le MPR,
– il reprend des points de notre politique de développement économique, social et culturel,
– il ne consacre pas l’existence d’un statut particulier pour une région,
– il écarte toute référence à l’autonomie et au fédéralisme,
– il autorise des négociations ultérieures exclusivement entre Maliens pour se consolider.
Le report à une date ultérieure équivaudrait à prolonger les souffrances dans lesquelles se trouvent toutes les populations du Nord, sans exception, et, par ricochet, celle du sud. Il est temps que prenne fin la précarité, l’insécurité, le non accès aux services sociaux de base. Le souhait est que toute prenne fin sur la base d’un consensus. Mais, à défaut de consensus, le compromis reste possible.
Pour les raisons ci-dessus évoquées, le document, déjà parapher l’Etat, doit susciter l’adhésion des forces vives du pays. Son rejet aurait comporté plus d’inconvénients que d’avantage et aurait surtout profité à ceux qui ne se préoccupent nullement de sécurité et de développement.
Il possède des insuffisances, certes. Mais un débat franc entre fils du même pays peut aider à corriger. La paix qu’il autorise à signer comporte plus d’un avantage dont, entre autres, la fin des souffrances de nos compatriotes réfugiés dans d’autres pays ou déplacés sur le territoire national, la sécurisation des populations du Nord et leur accès à des services sociaux de base, le renforcement de l’Etat et la sortie d’une crise qui perdure depuis janvier 2012.