C’est devenu une tradition pendant les périodes de fêtes, les chefs de famille de Bamako comme de toutes les contrées du Mali se plient à quatre pour satisfaire aux besoins des membres de leurs familles. La particularité de cette année est que le Mali traverse l’une des crises financières les plus graves ce qui présage déjà d’une période de fête troublante pour les ménages. Sous embargo financier qui ne dit pas son nom, l’argent est devenu une denrée très rare, alors qu’il est le nerf de la guerre. Dans une telle situation comment les maliens comptent s’y prendre ? Que doit faire l’Etat pour atténuer la souffrance des chefs de famille ? Les autorités ont-elles conscience de la gravité de la crise socio-économique ?
Après avoir fait le choix de prendre en mains son destin en tournant le dos à l’occident et à tous ses collabos désignés comme étant la cause de tous ses malheurs, le Mali est englué dans des difficultés inédites, à la fois financière, sociopolitique, voir sécuritaire. Les conséquences du choix politique des autorités actuelles ont été l’isolement diplomatique, la récession économique et l’embargo financier. Les maliens souffrent véritablement, car leurs revenus ont été réduits, à cause de la crise. Aujourd’hui, hormis les fonctionnaires et certainement l’armée, tous les autres secteurs sont presqu’à l’arrêt, ce qui fait qu’une très large majorité des maliens souffrent. C’est dans ce contexte des grandes difficultés que galope à pas de géant la fête de ramadan. Aujourd’hui, rares sont les maliens qui ne subissent pas les effets pervers de la crise, au point qu’ils s’interrogent sur quoi demain sera fait. Les rêves du Mali Koura sont en train de se transformer en cauchemar tant les espoirs ont été déçus.
En effet, les entrepreneurs, les ouvriers, les commerçants, les agents du secteur privé ne savent plus à quel saint se vouer, car toutes leurs activités sont soit à l’arrêt faute de financement, ou bien sont fortement ralenties, à cause des coupures intempestives d’électricité et surtout de la rareté des clients. De l’état de pauvreté accrue à une paupérisation extrême, voici à quoi se résume la vie du citoyen lambda. Pourrait-on satisfaire aux besoins des membres de sa famille quand on est sans sources de revenu ? C’est l’équation à laquelle les chefs de ménages sont appelés à résoudre pour cette fête de ramadan. La période de carême a été la plus pénible, celle de la fête s’annonce encore plus préoccupante. Et l’Etat dans tout ça ? Que doit-il faire pour atténuer la souffrance de la population ? En plus de la maîtrise des prix des denrées de grande consommation, il doit s’acquitter de son devoir en payant les dettes intérieures ce qui permettra au secteur privé de respirer à gorge déployée.
En effet, les secteurs privé et informel constituent plus de 80 % des agents actifs de l’Etat. D’écoles privées, aux petites et moyennes entreprises, en passant par les entrepreneurs, les commerçants et gros industriels, tous ces secteurs souffrent du non-paiement de leurs dettes. Le hic est qu’au même moment les autorités ne réduisent guère leur train de vie. La grande majorité broie du noir quand la minorité qui gouverne vit dans un luxe insolent. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir jusqu’où et jusque quand le peuple est-il prêt à supporter cette situation ? Les autorités sont fortement interpellées pour qu’elles agissent au plus vite, car au-delà des discours et de slogans au relent patriotique, le peuple a besoin du pain et de l’eau, sinon ventre affamé n’a point d’oreille.
En somme, la fête qui pointe à l’horizon va être la plus pénible pour les maliens dans leur écrasante majorité. Ils n’ont vraiment pas de quoi subvenir à leurs besoins vitaux.