« Ce sont majoritairement des pions de la France qui ont dirigé ce pays, présidents, ministres, directeurs et autres hauts fonctionnaires, officiers supérieurs, bref, tous ceux qui composaient l’appareil d’Etat… », C’est du moins l’avis d’Abdoulaye S. Bagayoko. Lisez !
Le récit de l’intervention française au Mali est narré dans ses grandes lignes par le régime du Président Emmanuel Macron comme suit : en 2013, le Mali était sur le point d’être occupé par une colonne de djihadistes. Grâce à l’intervention décisive de l’aviation française, à partir du Burkina Faso, à la demande du Président de la Transition d’alors, Diouncouda Traoré, l’avancée des djihadistes fut arrêtée net à Konna (Mopti).
L’intervention militaire concernée était dénommée « Opération Serval », qui libéra du joug des djihadistes les parties du territoire malien que ces malfaisants contrôlaient. L’opération Serval ayant accompli la mission à lui confiée, la France mis en place une deuxième opération à un détachement des forces armées françaises appelé “Force Barkhane”, pour débusquer les terroristes de leurs sanctuaires notamment en ciblant les chefs des katibas islamiques qui en étaient réduits à se cacher dans des espaces désolés du Sahara malien. Barkhane fut également considérée comme un succès par la multiplication d’éliminations d’importants chefs djihadistes. Malgré les soutiens politiques, financiers, militaires de la communauté internationale, l’armée malienne ne put faire face à ses responsabilités et laissa réapparaitre d’abord puis s’enraciner profondément dans tout le centre du pays, plusieurs groupes djihadistes qui finirent par contrôler quasiment tout le centre, l’Est et le Nord du pays.
Le désarroi grandissant des maliens poussa la majorité des Maliens à réclamer le départ de leur président. Une crise politique majeure s’installa, le président fut incapable de former un gouvernement et des manifestations furent réprimées dans le sang sans qu’encore à ce jour les responsabilités soient établies et les coupables identifiés et punis conformément à la loi.
Cette situation délétère trouva son dénouement par la prise du pouvoir par un quintet de colonels au nom des forces armées et de sécurité. Sans surprise aucune, ce coup d’Etat fut largement applaudi par les maliens. En revanche, la France le condamna du bout des lèvres et elle se rangea derrière la Cédéao pour accompagner le retour du Mali à une vie constitutionnelle normale. Ensuite survint un second coup d’Etat pour « rectifier la trajectoire de la Transition ». La France condamna fortement ce second coup et menaça de se retirer du Mali. Loin d’entendre raison, les militaries au pouvoir à Bamako firent appel à des « coopérants russes» malgré les mises en garde répétées de Paris. Comme si cela ne suffisait pas, les nouveaux maîtres du pays ont dénoncé les accords de défense liant la France au Mali et précipité de ce fait le départ des forces françaises. A chacune de leur sortie, les militaires au pouvoir à Bamako ne ratent aucune occasion de « manquer de respect » à la mémoire des 59 français soldats morts pour le Mali, selon la France. Ils sont soutenus par une population déboussolée dont l’esprit a été endoctriné par une rhétorique anti française poussée par la propagande pro russe de Poutine. «L’innocente et généreuse» France qui a dépensé chaque année, pendant dix ans, un milliard d’euros dans les opérations militaires au Mali et perdu 59 de ses soldats, laisse le Mali a son sort désespéré et se replie dans des pays qui sont prêts à reconnaître sa bonté et sa grandeur. Car la France se bat pour les « Droits de l’Homme » et elle « lutte contre le terrorisme ».
«L’intervention française…n’a fait que retarder de 10 ans l’avènement du sursaut patriotique et salvateur de la nation malienne»
Dans ce récit, servi d’abord aux français pour les berner, le régime de Paris affirme que sans son intervention le Mali aurait disparu en 2013 ou à tout le moins serait devenu un califat islamique. C’est plutôt le contraire qu’il faut entendre et comprendre car l’intervention française au Mali n’a fait que retarder de 10 ans l’avènement du sursaut patriotique et salvateur de la nation malienne.
Mal informé et mal avisé, le Président de la Transition en 2013, Diouncouda Traoré, était également mal aimé. Son fauteuil ne tenait qu’à la menace d’embargo de la Cédéao sur le Mali. Etant illégitime à la tête de l’Etat, il ne put rien entreprendre pour réorganiser l’armée et l’envoyer récupérer les territoires que le Mali avait perdu face aux éternels instruments de séparation du Mali par la France : une poignée de Touaregs armés, dénommée « Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), minoritaires parmi les Touaregs, qui du reste ont été toujours majoritairement attachés à la République unitaire du Mali. La France, à son grand désarroi, constate le rejet du MNLA par les populations locales et ensuite sa disparition face aux assauts des djihadistes (notamment le Mouvement pour l’Unicité du Djihad en Afrique de l’Ouest-MUJAO -), informe le Président Diouncouda Traoré que si Konna tombe le Mali sera bientôt le “Malistan”. C’était en janvier 2013. Le Président Traoré trouve l’opportunité de s’extraire de la tutelle ombrageuse de la junte militaire du capitaine Amadou Aya Sanogo en acceptant la proposition d’intervention de la France. L’ambassadeur de France à Bamako dicte les termes de la demande que le Président Diouncouda Traoré adresse à son homologue français François Hollande pour donner un vernis légal au retour de l’armée française au Mali. Forte et grave humiliation de la nation malienne que d’avoir eu recours à l’armée de l’ancien colonisateur, l’armée française dont la date anniversaire du départ forcé du dernier soldat de notre pays, le 20 janvier 1961, est, depuis cette date, celle de la fête de notre armée nationale.
Comme le lézard qui ne traverse qu’un mur fissuré, la France a eu toujours recours à des africains pour combattre les peuples d’Afrique. Le Président Diouncouda Traoré fut l’instrument par lequel son rêve cinquantenaire de reprendre pied au Mali vit le jour. Cependant il n’avait été demandé à la France qu’un appui aérien. Mais comme en Libye, en 2011, où elle interpréta à sa guise, pour assassiner le Président Mouammar El Kadhafi, la résolution des Nations Unies qui autorisait une intervention humanitaire dans ce pays, elle alla bien au-delà de la demande des autorités maliennes et déroula carrément son plan d’invasion qui était déjà minutieusement préparé. En 2011, les américains étaient contents de dire que grâce aux réseaux sociaux américains, le monde arabe se démocratisait. Mais en 2022 quand la jeunesse africaine utilise les mêmes réseaux sociaux pour se libérer, ils appellent ça de la propagande russe. L’hypocrisie occidentale n’a pas de limites !
En intervenant au sol l’armée française a dépossédé les maliens de leur combat et émasculé de ce fait notre armée dans notre imaginaire collectif. Lorsque l’armée malienne fut interdite d’entrer à Kidal en 2013 et qu’au même moment la France y achemina les débris du MNLA pour le reconstituer, les maliens commencèrent par voir clair dans son jeu machiavélique. Encore plus clair quand elle aida le MNLA à vaincre la riposte de l’armée malienne contre les assassinats d’administrateurs civils et de policiers, consécutifs à la visite du Premier ministre Moussa Mara dans cette même ville de Kidal en 2014.
Les accents patriotiques d’IBK firent chavirer les cœurs des maliens mais ils ignoraient sa double nationalité, française et malienne, ainsi que de celles de ses garçons, son appartenance aux cercles ésotériques français. IBK était le pion ultime de la France au cœur de l’Etat malien, le prototype du nègre mentalement colonisé dont la plus grande fierté était la maîtrise des temps du subjonctif et ses connaissances œnologiques. IBK donna carte blanche à l’armée française pour faire ce qu’elle voulait, comme elle le voulait où elle le voulait sur le territoire malien.
Le renouveau d’une vieille nation
Pendant 10 ans l’armée française a alterné contemption et condescendance vis-à-vis de l’Etat malien et de son armée. Son mépris était si élevé qu’elle ne daignait même pas informer les maliens de ses opérations. Ceux-là en étaient réduits à écouter les vipères de Rfi et de « France 24 » pour obtenir quelques bribes d’informations sur la présence militaire française au Mali. Et cette présence, paradoxalement, a créé un appel d’air pour le djihadisme international. D’où dès 2015, l’affluence vers le Mali de toutes les racailles barbues du monde arabo-musulman : de l’Indonésie, en passant par le Pakistan, au Maroc. Non seulement cette présence française avait coupé l’herbe sous les pieds de l’armée malienne mais, en plus, elle nous attira les barbus malfaisants de tous les bords. Les maliens finirent par percevoir le piège et ce bien avant leurs autorités et cela n’a pas été pour peu dans l’acclamation des acteurs du coup d’Etat déguisé en démission du Président de la République du 18 août 2020.
Les djihadistes et leurs parrains allaient peut-être remporter encore quelques batailles en 2013, mais ils n’auraient jamais pu subjuguer le peuple malien. L’imminence du danger à Bamako nous aurait poussé à prendre dans nos propres mains de civils l’élimination définitive des terroristes qui s’ils peuvent facilement prendre des postes isolés ou même des villes isolées ne seront jamais en état de faire même un siège à partir de Mopti. Diouncouda Traoré et Django Cissoko n’avaient d’ailleurs reçu que des informations erronées et alarmistes de la France qui était pressée de reprendre pied au Mali : l’armée française ne digéra jamais le 20 janvier 1961, ni le soutien du Mali au Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie.
En 2020, poussée par son peuple, l’armée malienne a pris ses responsabilités et, face au réel de la situation, a vite compris qu’il fallait défaire les liens militaires du pays avec la France. N’eût-elle pas pris les devants que le peuple malien l’aurait obligée à aller dans cette direction. L’armée malienne, malgré toutes ses tares, n’a jamais cessé d’être une armée nationale, une armée patriotique. Les militaires maliens n’ont jamais constitué une caste à part, une classe sociale à part. Ils sont issus de toutes les composantes de la société malienne. Ils ne sont pas endogames. Comme tous les maliens, leur enfance a été bercée par les récits, qui tiennent autant de l’histoire que de la légende, des innombrables héros qui, depuis la nuit des temps, ont peuplé le territoire qui est devenu l’actuel Mali. Les souffles de nos héroïques ancêtres n’ont jamais abandonné notre patrie. Ils ont toujours été « dans le sein de la femme », dans « l’enfant qui vagit ». Les contemporains ont beau les ignorer qu’ils finiront par sortir des « buissons en sanglot » pour s’incarner en de nouveaux héros pour rétablir notre pays dans sa grandeur d’antan.
« Ecoute plus souvent les choses que les êtres, La voix du feu s’entend, Entends la voix de l’eau.
Ecoute dans le vent Le buisson en sanglot : C’est le souffle des ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis ; Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit,
Les morts ne sont pas sous la terre ; Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit ; Ils sont dans l’eau qui coule ; Ils sont dans la case, ils sont dans la foule ; Les morts ne sont pas morts. »
Extraits de Souffle de Birago Diop.
C’était fou de croire que le Mali et son armée étaient éternellement condamnées à être la risée des pays africains. Nous avons été grands et nous le reviendrons. Ceux qui ont dominé, bâti des empires se souviendront toujours de leur gloire passée. Infailliblement, de ce souvenir surgira une génération, un nouveau peuple déterminé à réaliser le destin de notre patrie : celui d’être un phare en Afrique d’abord et dans le monde entier ensuite.
Le Mali sera le tombeau de l’impérialisme français
Mais pourquoi la France s’en est toujours prise au Mali indépendant alors même que nous ne sommes ni les plus riches économiquement, ni les plus peuplés, ni ceux dont le sous-sol est le plus doté en ressources parmi ses anciennes colonies ?
Parce que bien avant de coloniser le territoire qui deviendra l’actuel Mali les autorités françaises avaient eu vent de la puissance des empires qui s’y étaient succédés. Parce que pendant la conquête coloniale l’armée française, même face au débris des empires médiévaux, fit face à une résistance farouche qu’elle ne connut pas ailleurs. Parce qu’elles savent à la lecture de Machiavel qu’un peuple qui a été grand est destiné à secouer le joug de la domination. Parce que la France a toujours su que la libération de l’Afrique de son emprise mortifère ne pouvait venir que du Mali. Parce que la France a toujours eu peur de ce jour dont l’avènement était pourtant inéluctable. Parce que la France a toujours su que le Mali serait le tombeau de l’impérialisme français en Afrique noire.
Pourquoi a-t-elle délibérément privé d’accès à la mer le territoire qu’il a constitué en Soudan français ?
Parce que mettre le lion en cage et le séparer de son clan c’était s’assurer de la docilité des peuples africains. Parce que mettre perpétuellement le Mali en difficulté c’était s’assurer que les peuples africains ne se révoltassent jamais contre l’impérialisme français. Le lion s’est défait de ses chaînes et en se libérant montre le chemin de la liberté à tous les africains.
Les fiers descendants des grands empires ont parlé et toute l’Afrique a écouté avec fierté. L’édifice “France-Afrique” est en feu, l’incendie ravage de partout, de Dakar à N’Djamena, de Niamey à Bangui. Le Mali est à nouveau le phare de l’Afrique. L’impérialisme français a été mortellement blessé par le Mali, il ne reste plus qu’à l’achever.
Yèrè sòrò maa dògon sòrò laa.
Sòrò koun fòlò yé yèrè sòrò yé.
Mali yaa yèrè sòrò.
Qui sont les pions de la France (Macron) au Mali ?
On l’a surprise, prise de court. Elle se prépare à revenir à l’assaut. Elle n’a pas renoncé et elle dispose, à l’intérieur de notre pays, dans nos propres rangs, de pions qu’elle poussera contre nous. Il nous faut donc achever ce que nous avons commencé parce que la France n’a jamais réussi ses entreprises malfaisantes contre notre pays qu’avec l’aide d’enfants issus du cru. Là encore les écrits de Machiavel, sur la stratégie de conquête d’un pays par un Etat qui ne partage ni sa langue ni sa culture, ont servi de bréviaire aux différents régimes de Paris. Au cœur du cœur de cette stratégie se trouve l’utilisation de valets locaux qui auront la couleur locale, l’apparence locale mais qui profondément seront des traitres. Il faut débusquer ces traitres et les réduire à l’impuissance. Ils abuseront toujours de nous si, comme nos prédécesseurs, nous échouons à les identifier. Car c’est une affaire de famille que d’être un pion de la France, les positions de pouvoir se transmettent, sont occupées par des individus issus des mêmes « grandes » familles. C’est aussi une affaire de classe sociale, la bureaucratie civile et militaire qui dirige et défait tout ce qui a fait la grandeur de notre peuple tout en ne lui proposant qu’une alternative consumériste faite de consommation ostentatoire de biens importés. C’est enfin une affaire d’ignorance parce que bien de gens bien intentionnés, faute de lectures et de réflexions, se retrouvent à adopter le modèle dominant des tenants de l’Etat.
C’est donc d’abord une affaire de familles. Des familles dont les ancêtres ont été amenés au Soudan français comme interprètes, comme commis etc., et qui sont restés dans le Mali indépendant. Ils ont aidé le colonisateur a pillé le Mali. Ils se sont présentés comme grands commis de l’Etat pour continuer à se servir du Mali indépendant. Ce sont des « gens double face » qui ont participé à tous les régimes aux avant-postes, qui se partagent entre opposition et majorité de telles sortes qu’à la fin, leurs familles gagnent toujours. Ce sont les maliens vivants au Mali qui ont depuis toujours eu la double nationalité même quand elle était interdite dans la loi malienne jusqu’en 1995. Ce sont ceux qui ont acheté des maisons en France.
Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Ce sont-là des questions que ceux qui veulent enterrer l’impérialisme français doivent toujours se poser entre eux pour dénicher et éjecter les pions de la France.
Lorsqu’au lieu de participer à l’amélioration de la qualité de l’école de la république tu te contentes de la dénigrer et que tu inscrives en sus tes enfants dans des écoles dites à programme français, tu es devenu consciemment ou inconsciemment un pion de la France et tu prépares tes enfants à l’être encore plus que toi. Ce n’est certainement pas à l’école française que seront célébrés les héros de la lutte contre la pénétration coloniale française au Mali.
Lorsque tu envoies ta femme accoucher aux USA, en utilisant tous les moyens possibles pour que ton enfant ait la nationalité américaine, tu n’es déjà plus un malien ; et lorsque tu le fais alors que tu es un agent des services publics, on peut se poser la question de savoir comment tu as pu te procurer les ressources pour faire face aux coûts du transport et du séjour. Dans la plupart des cas, il s’agit de cadres et agents capables de vendre notre pays au diable !
C’est aussi une affaire de classe sociale. Pour réduire l’explication à sa plus simple expression le colonisateur a imposé son administration pour gérer le pays. A part quelques rares blancs, la majorité de ce personnel administratif était noir. Ces noirs provenaient très majoritairement des couches subalternes de la société, de la société soudanaise comme des sociétés des colonies voisines (esclaves par exemple mogo fè mogo etc.). Des gens qui ne pouvaient prétendre à aucune parcelle d’autorité selon nos propres critères sociaux. Des gens qui avaient une vengeance à exercer contre notre société. Des gens qui espéraient remplacer le blanc lorsque ce dernier a accordé l’indépendance. Il ne faut pas oublier que l’USRDA a dit oui au projet d’union française en 1958 ! Ces gens pour diriger, pour exercer un pouvoir sur le peuple devaient se cacher derrière un Etat qui justifie leur présence dans les positions de pouvoir. Un Etat socialiste signifiait que tout le monde était égal, le dépendant et le tuteur, l’esclave et le maître, le chef de village et l’idiot du village. Un état socialiste signifiait la dissolution des chefferies traditionnelles par la mise au placard des chefs de canton. Un état socialiste signifiait l’interdiction aux fils de chef de canton de devenir des militaires. Le personnel de l’Etat a changé en s’élargissant à toutes les catégories sociales mais les principes qui l’ont fondé demeurent et il continue le même mode de fonctionnement, c’est-à-dire travailler contre les maliens sur le dos des maliens pour une minorité.
La corruption a affaiblie l’armée
Ce sont majoritairement des pions de la France qui ont dirigé ce pays, présidents, ministres, directeurs et autres hauts fonctionnaires, officiers supérieurs, bref, tous ceux qui composaient l’appareil d’Etat. C’est pour cela que la guerre militaire et la guerre contre la corruption sont les deux composantes d’une seule et même grande guerre dont l’une ne peut être gagnée sans l’autre. C’est la corruption qui a affaibli l’armée malienne, qui a privé les populations d’espoirs et qui a poussé certaines d’entre elles dans les bras assassins d’Amadou Kouffa ou de Iyad Ag Ghali. Qu’est-ce que cette corruption en pratique ? C’est un obscur fonctionnaire des services d’assiette qui possède des biens immobiliers qui valent 1.000 ans de ses revenus légaux annuels ; c’est un hiérarque de la fonction publique dont le train de vie quotidien est supérieur à son salaire mensuel ; c’est un officier supérieur qui possède un domaine agropastoral dont la production peut nourrir tout un bataillon militaire en une année. La corruption n’est pas un phénomène naturel comme la pluie. Si elle dérangeait tous les groupes sociaux elle aurait déjà pris fin. Voilà donc les groupes sociaux qui en bénéficient.
Et une bonne dose d’ignorance de ceux, par exemple, qui disent que le malien n’aime pas travailler alors qu’à toutes les périodes historiques, l’immense majorité des maliens n’a eu d’autres choix que d’être ardente à la tâche. Quel paysan, quel éleveur a-t-il le loisir d’être paresseux ou fainéant ? En 1998, Jean Pierre Kelche, chef d’état-major général des armées de la France, fut reçu en audience à Bamako par le président Alpha Oumar Konaré. Les officiers supérieurs qui avaient couvert cette audience m’avait fait une immense honte tant leur maintien tranchait avec celui du Général Kelche, tant de leur corpulence était dominée, à première vue, par leurs ventres bedonnants. Oui ceux-là effectivement n’aimaient pas travailler et nous en avons subi les conséquences en 2012 avec la déroute de notre armée, la seule institution dont nous étions encore fiers.
Méfions-nous des pions de la France. Ils sont la dernière ligne de défense de la France au Mali. Surveillons-les comme du lait sur le feu. Craignons-les car ils ont une puissance corruptrice inégalée, des fortunes puantes amassées depuis des décennies qui servent à acheter les âmes affaiblies par les épreuves. Ils volent mille, donne dix et paraissent généreux. Ils ont les habits des pieux alors qu’il n’y a de pires faux dévots qu’eux. Sur les dix qu’ils offrent, cinq vont à des leaders religieux, deux aux “nyamakalas”, trois à tous ceux qui viennent solliciter sur leur munificence.
Abdoulaye Shaka Bagayogo