Nombreux étaient les maliens qui avaient pointé un doigt accusateur sur l’ancien ministre Seydou Lamine Traoré comme étant le seul responsable des délestages intempestifs de courant. Ce dernier, après avoir rejeté toutes les accusations, a fini par prendre son courage à deux mains en rendant le tablier. L’intérim avait été assuré par le ministre des Finances, avant que Bintou Camara ne prenne véritablement les rennes du département en faveur d’un réaménagement du gouvernement. Pensant trouver en l’expert-comptable la ressource humaine compétente pour améliorer la situation, aujourd’hui le constat est qu’elle va de mal en pire. Le délestage s’est accru de manière inquiétante, surtout en plein hivernage où le niveau des cours d’eau est largement au dessus de la moyenne. Bintou Camara et Seydou Lamine Traoré sont-ils réellement les coupables tout trouvés du délestage intempestif de courant ? La crise financière en est-elle pour quelque chose ? Que faut-il faire pour trouver des solutions idoines à ce fléau qui met à terre le secteur informel et même industriel malien et fait souffrir les ménages ?
Alors qu’on pensait, avec la nomination de Mme Bintou Camara, trouver la denrée rare pour sortir le Mali en général et Bamako en particulier dans cette obscurité gênante, c’était sans nul doute minimiser l’ampleur de la profonde crise à laquelle l’EDM est confrontée. En effet depuis le départ de Seydou Lamine les maliens n’ont assisté qu’en une exacerbation du délestage au point que les maliens pensent qu’il vaut même mieux que Mme Bintou Camara. Sinon comment comprendre que la première mission de Mme la ministre qui est de faire face aux problèmes d’approvisionnement des Maliens en eau et électricité, soit encore largement en deçà des attentes des populations. Aujourd’hui cette mission semble être renvoyée aux calendes grecques. Et pour causes, non seulement les caisses de l’Etat sont vides alors que l’énergie fonctionne au Mali avec des hydrocarbures, mais aussi et surtout les passifs de la société sont astronomiques. Ainsi s’il faut reconnaitre que les conditions financières ne sont pas réunies pour relever les défis énergétiques, il n’en demeure pas moins également que la titulaire, expert-comptable n’a aucune expertise en la matière, en d’autres termes elle est loin d’être en terrain connu de par son profil. Sinon à défaut d’empêcher les coupures intempestives de courant, l’énergie aurait dû privilégier les secteurs à forte concentration industrielle et économique et surtout mettre le courant à disposition de ces secteurs clés et à des heures de travail pour que l’économie puisse tourner au grand bonheur des maliens. En effet, avec le délestage non seulement l’économie informelle est à terre, mais aussi et surtout la vie dans les foyers s’en trouve fortement atteinte.
Bintou Camara et Seydou Lamine Traoré sont-ils réellement les coupables tout trouvés des délestages intempestifs de courant ?
Les ministres sont certes loin d’être les seuls responsables de la crise énergétique, surtout quand on sait qu’ils ne tirent pas le cordon de la bourse, mais ils pourraient par leur expertise proposer un plan d’urgence de sortie de crise. Sinon il faut reconnaitre qu’ils peuvent en aucun cas être responsables du manque de carburant dans les groupes électrogènes, qui relèverait certainement du ministre des finances et cela en fonction de la disponibilité financière. Seydou Lamine et Bintou Camara ne pourraient être dédouanés, car tous les deux ministres manquent de vision et de plan de sortie de crise. Cela pourrait certainement être dû à leurs profils. Encore une fois la question de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut se pose avec acuité pendant cette transition, pourtant censée jeter les bases d’un Mali Koura où seule l’excellence et la bonne gouvernance seront les maîtres mots. Des sources bien informées et Seydou Lamine Traoré et Bintou Camara, seraient des proches des hauts placés de la transition, donc népotisme quand tu nous tiens. Il est temps de sortir de ces pratiques pour redonner confiance au peuple malien
La crise financière en est-elle pour quelque chose ?
Bien sûr que oui, car le Mali est asphyxié financièrement par les institutions de la sous-région et selon nos informations la société énergie du Mali serait endettée à plus de 600 milliards, si ce montant n’a d’ailleurs pas doublé. L’argent étant le nerf de la guerre, sans lui il n y a pas de vie, alors que le Mali s’est brouillé avec tous les grands bailleurs de fonds pour se tourner vers la Russie. Ce pays étant en guerre fait face à ses problèmes internes. Donc il est loin de fournir de l’énergie au Mali. Il revient aux autorités maliennes d’améliorer leurs relations avec les institutions financières sous- régionales afin d’avoir accès sans difficulté aux fonds nécessaires pour les secteurs clés de l’économie
En somme, le Mali gagnerait à améliorer ses relations avec tous les pays, mais particulièrement avec ceux de la CEDEAO afin de sortir de cette période exceptionnelle et de faire face à son développement. La crise énergétique est seulement la face visible de l’Iceberg de la crise multidimensionnelle dont le Mali fait face depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012 et celui du 18 Août 2020. Qu’on en sorte rapidement et définitivement pour que les maliens puissent véritablement fumer le calumet de la paix et du développement.
Youssouf Sissoko