J’ai suivi avec intérêt l’affaire Oumar Sall, prêcheur condamné, vendredi 8 novembre à une peine de six mois de prison avec sursis pour injures publiques. M. Sall avait été arrêté le 15 novembre après des propos controversés sur les tidianes. À la barre du tribunal, le jour du procès, l’homme, d’ordinaire plein d’aplomb dans ses diatribes sur ses canaux de communication, s’est métamorphosée en tigre de papier, se confondant en excuses et se rabaissant, désarçonné qu’il était par les coups de boutoir du représentant du ministère public. Acte de contrition sincère ou art de la dissimulation pour échapper aux rigueurs de la justice ?
Une chose est sûre, Oumar Sall représente une tendance qui gagne de l’influence. Un courant qui au-delà des mots -fondamentalisme, intégrisme, rigorisme – professe une haine viscérale du Sénégal tel qu’il va depuis l’accession à l’indépendance. Haine de la démocratie et de laïcité. Haine des libertés publiques. Haine des mœurs et de l’art de vivre sénégalaiss. Haine de la sensualité sénégalaise. Haine du modèle islamique sénégalais marqué par la prépondérance des confréries soufies.
Le rêve de ces maléfiques, qui parlent à tort et à travers de restaurer les “valeurs” sénégalaises, est en réalité d’arabiser voire même d’afghaniser le Sénégal. Ils ont en horreur le syncrétisme religieux sénégalais. L’anti-Sénégal, en résumé.
Omar Sall n’est qu’un parmi d’autres – un pitre d’ailleurs si l’on en juge son comportement durant le procès et son appel à un festin après avoir échappé à une condamnation plus lourde- de ces prêcheurs, oustaz, influenceurs qui rêvent d’en finir avec la culture sénégalaise, perçue par eux comme décadente. Pour parvenir à leurs fins, ils visent d’abord à dénigrer les grandes familles religieuses chez des masses de plus en plus sensibles aux discours fondamentalistes.
Un véritable travail de sape s’opère sur les réseaux sociaux, et notamment le diabolique Tik-tok. Là-bas, certains, qui vivent d’ailleurs souvent hors du territoire national, ont fait de l’insulte et de la déconstruction de l’islam confrérique leur fonds de commerce. Tout cela dans le but de faire table rase et de nous importer les mœurs arabes.
L’État, qui est parfois très lâche, face aux officines religieuses, qui réclament toujours plus de censure dans les contenus audiovisuels, devrait à la fois être ferme sur les principes républicains qui régissent notre commun destin, mais également veiller avec soin à la protection de notre modèle religieux, un des véritables piliers de la cohésion nationale.
La Guymariusagnaïsation des des esprits
Guy Marius Sagna peut se targuer d’une belle victoire idéologique. Ses discours anti-impérialistes et anti-français font désormais quasiment l’unanimité dans la classe politique et au-delà. Même ses méthodes les plus démagogiques font tache d’huile. Ainsi, Aminata Touré et Alioune Tine ont fait du Guy en interprétant de manière cynique la récente séance de travail entre le Premier ministre Amadou Ba et la cheffe du gouvernement français, Elisabeth Borne. Ils ont, tous les deux, interprété cette rencontre diplomatique où des conventions ont été signées, comme une façon pour la France de sponsoriser Amadou Bâ dans sa tentative d’accéder à la Magistrature suprême.
L’influence de Guy Marius Sagna m’a surtout frappé lors du passage de Thione Niang sur le plateau de l’émission politique de Maimouna Ndour Faye. À entendre le candidat à l’élection présidentielle, la France, l’éducation nationale, avec le français comme langue de base, sont les sources de tous les maux du Sénégal.
L’homme d’affaires, qui veut reléguer le français au rang de troisième langue après le Wolof et l’Anglais, s’est également lancé dans une réquisitoire caricatural contre Léopold Sédar Senghor, premier président de l’histoire du Sénégal. Il lui reproche sa francophilie qui aurait sapé, d’après lui, le véritable essor du Sénégal. Thione Niang, et c’est bien dommage pour quelqu’un qui aspire à diriger le pays, anônne les poncifs éculés de ceux qui n’ont qu’une connaissance superficielle de M. Senghor.
Léopold Sédar Senghor était d’abord enraciné dans sa culture et son identité africaines. En tant que poète et homme politique sénégalais, Senghor a beaucoup contribué à la promotion de la négritude et à la reconnaissance de l’héritage africain. Il croyait en l’importance de préserver et de célébrer les racines culturelles de l’Afrique. Sa poésie et ses écrits reflètent cette profonde connexion avec sa terre natale. Et comme homme d’État, son socialisme pragmatique a été essentiel à l’évolution sans heurts considérables du Sénégal.