Les trois pays ont annoncé quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avec effet immédiat.
Répercussions
Cette décision pourrait produire des effets considérables, par exemple pour la circulation des biens et des personnes, pour les trois pays concernés, dépourvus d’accès à la mer, et pour la région. Elle suppose des implications sur les exemptions de visa et les exonérations de taxe, avec des retombées sur les prix.
La mise en œuvre du retrait lui-même suscite des questions. Le traité de la Cedeao stipule que tout État désireux de se retirer doit le notifier par écrit dans un délai d’un an et est tenu de se conformer à ses obligations pendant cette période. Il laisse cependant la porte ouverte à un retrait de la demande de retrait pendant ces 12 mois.
Les trois pays ont des relations tendues avec la Cedeao depuis que des militaires y ont pris le pouvoir par la force, en 2020 au Mali, en 2022 au Burkina Faso et en 2023 au Niger. La Cedeao les a suspendus de ses instances et a pris de lourdes sanctions contre le Mali et le Niger ; elle est allée jusqu’à menacer de recourir à Niamey.La Cedeao, « sous l’influence de puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses États membres et ses populations », dit le communiqué conjoint. Les régimes militaires ne cessent de dénoncer l’instrumentalisation faite, selon eux, de la Cedeao par l’ancienne puissance coloniale française.
« Regret, amertume et déception »
« Après 49 ans d’existence, les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger constatent avec beaucoup de regret, d’amertume et une grande déception que leur organisation s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme », disent-ils.
Ils accusent l’organisation de ne pas les avoir aidés face aux jihadistes qui sévissent depuis 2012, au Mali d’abord, puis aussi chez ses deux voisins, faisant des milliers de morts, combattants et civils, et provoquant le déplacement de millions de personnes.
Les sanctions prises contre eux ont, à leurs yeux, représenté « une posture irrationnelle et inacceptable », au moment où « ces États ont décidé de prendre leur destin en main », disent-ils en faisant référence aux putschs qui ont renversé les régimes civils en place.
Élections repoussées
Les mesures de rétorsion prises par la Cedeao ont produit peu d’effets à ce jour en matière de retour des civils au pouvoir. Au Mali, les militaires en place depuis bientôt quatre ans sous la conduite du colonel Assimi Goïta s’étaient engagés à organiser des élections en février 2024, mais ils ont repoussé l’échéance à une date inconnue.
Au Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré avait affirmé après sa prise de pouvoir le 30 septembre 2022 qu’il tiendrait les engagements pris auprès de la Cedeao par son prédécesseur, le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, de tenir des élections à l’été 2024. Depuis, le régime a indiqué que la lutte contre les groupes jihadistes était la priorité.
Aucune sanction n’a été prise contre le Burkina, autre que la suspension des instances de la Cedeao.
Au Niger, le blocus commercial a fait grimper le prix des denrées alimentaires et créé une pénurie de produits essentiels, notamment de médicaments. Quelques jours après le coup d’État, le général Abdourahamane Tiani a déclaré que la période de transition avant le retour des civils n’excéderait pas trois ans. La durée exacte de la transition doit être fixée lors d’un « dialogue national » qui n’a pas encore débuté. La Cedeao continuait de réclamer la libération du président Mohamed Bazoum, détenu à Niamey.
(Avec AFP)