Les autorités de la transition ont célébré avec fierté le 62ième anniversaire de la création de l’armée malienne. Cet anniversaire a été l’occasion de présenter à l’opinion les différentes acquisitions faites en termes d’aéronefs pour renforcer le dispositif sécuritaire des FAMA. Pour rappel, c’est en janvier 1961, plus précisément le 20 janvier que le Président Modibo Keïta demanda à la France d’évacuer ses derniers soldats du Mali. C’est par cet acte courageux et souverainiste que le pays a eu droit à une véritable fondation et construction d’une Armée républicaine et digne. Voici en substance la signification du 20 janvier. Quelle autre date pourrait être sacrée journée de souveraineté retrouvée en dehors du 20 janvier où l’ancien occupant a été sommé de quitter le territoire malien avec armes et bagages ? Qui veut falsifier l’histoire de notre pays en adjoignant aux célèbres et mémorables dates celle du 14 janvier comme journée de souveraineté retrouvée ?
C’est en présence de toute la hiérarchie militaire et les membres du gouvernement que le Président de la transition, chef de l’Etat le colonel Assimi Goïta a remis les clés de la vingtaine d’aéronefs, made in Russia, au chef d’état-major de l’armée de l’Air, à l’occasion du 62ième anniversaire de la création de l’armée malienne. Si cet évènement a été suivi avec grand intérêt par une écrasante majorité du peuple, il ne manque pas non plus de susciter des questions. Parmi lesquelles il y a les conditions d’acquisitions de ces aéronefs et surtout leurs prix. Car si les maliens se réjouissent de l’acquisition de ces nouveaux appareils volants pour l’armée et demeurent perplexes devant la question sociale et même l’efficacité de ces appareils sachant bien que l’ennemi évolue selon les moyens dont dispose le camp d’en face. Donc oui à l’acquisition des armes pour surarmer notre outil de défense, mais les autorités ne doivent pas reléguer au second plan la crise sociale, la mère de toutes les crises, au risque d’être surpris désagréablement.
N’a-t-on pas coûtume de dire que le tout militaire n’a jamais résolu une crise sécuritaire ?
L’on a beau avoir la plus grande puissance de feu si les actions militaires ne sont pas accompagnées par celles allant dans le sens de l’amélioration des conditions sociales, les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets. En d’autres termes les candidats au terrorisme ou au djihâd n’épousent pas forcément l’idéologie religieuse prônée par leurs chefs, mais c’est face à un désespoir et un abandon de l’Etat qu’ils acceptent la proposition qu’on leur fait, souvent à vil prix. Aujourd’hui, ne nous voilons pas la face la situation sociale est chaotique d’où ce banditisme urbain croissant. S’il est bon d’acquérir des nouvelles armes, il serait merveilleux de penser aux populations qui broient du noir.
Le 20 janvier ne doit-il pas être considéré comme la seule date de souveraineté retrouvée ?
La question mérite d’être posée quand on sait que certains veulent totalement falsifier l’histoire récente de notre pays en instituant le 14 janvier comme journée de souveraineté retrouvée. Tenez-vous bien en souvenir de la grande mobilisation contre les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA. Depuis quand un pays de la CEDEAO ou de l’UEMOA a essayé d’attenter à la souveraineté du Mali. Les autorités de la transition se trompent lamentablement et lourdement de combat. Il serait bon que les maliens sachent que l’indépendance et la souveraineté qu’ils désirent tant, ne pourraient être obtenues que dans un vaste ensemble comme la CEDEAO. Nos micro-Etats ne peuvent jamais s’affranchir de la tutelle des puissances occidentales individuellement. Donc la CEDEAO pourrait se tromper, elle s’est même trompée en infligeant des sanctions sévères à un pays qui est totalement à terre, comme le Mali, mais de là à en faire une ennemie jurée, est une erreur d’appréciation.
En somme le 20 janvier reste la seule date historique et emblématique à laquelle les maliens peuvent se glorifier d’avoir arraché de la puissance colonisatrice, la souveraineté. Toutes les autres dates ne relèvent que du populisme e de la diversion.
Youssouf Sissoko