La mise en place d’une telle structure vouée à la réparation des victimes mérite une préalable consultation avec les premiers concernés en vue d’épargner toute idée de malversation et de détournement. Rien ne servirait de rappeler le fléau qui gangrène la société malienne. Il a pour nom le détournement et la délinquance financière à outrance.
Depuis l’accession du Mali à l’indépendance, le pays a connu des crises ayant conduit à des violations des Droits de l’Homme, porté atteinte à la stabilité institutionnelle, à la paix, à l’unité nationale et ébranlé les fondements du vivre ensemble.
En Conseil des ministres, à la date du 1er mars 2023, le gouvernement s’est penché sur le rapport du ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale. À cet effet, il a adopté des projets de textes relatifs à la création, à l’organisation et aux modalités de fonctionnement de l’Autorité de Gestion des Réparations en faveur des Victimes des Crises pour donner une suite logique aux travaux de la Commission Vérité Justice et Réparation (CVJR).
L’objectif de cette démarche est de restaurer la dignité des victimes en leur accordant par voie administrative des mesures de réparation des préjudices qu’elles ont subis du fait des violations des Droits de l’Homme commises en lien avec les crises, de 1960 à nos jours. Cela témoigne de la sincère volonté de l’équipe gouvernementale de bien mener les affaires publiques.
Ce qui porte à croire que prochainement une Autorité Administrative Indépendante verra le jour, dénommée: Autorité de Gestion des Réparations en faveur des Victimes des Crises avec pour mission d’assurer la gestion des réparations des préjudices causés par les violations graves des Droits de l’Homme au Mali. Comme dit le proverbe Bamanan: «koun té di koun tigui ko», on ne peut raser la tête d’un individu à son absence. Pour une gestion saine et transparente des réparations, il serait indispensable que les associations de victimes prennent part à cette phase cruciale qui mettrait un terme au travail abattu par la Commission, Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). Cette observation de taille pourrait mieux apporter de la lumière au débat: les membres qui doivent composer cette commission doivent mutualiser leur effort avec les victimes elles-mêmes ou leurs ayants droit pour des raisons de transparence.
Juste un appel à l’endroit des autorités de la transition pour ne pas se tromper et limiter les dégâts. La prudence et la transparence imposent d’intégrer les victimes dans cette instance en cours de naissance. La mise en place d’une telle structure vouée à la réparation des victimes mérite une préalable consultation avec les premiers concernés en vue d’épargner toute idée de malversation et de détournement. Rien ne servirait de rappeler le fléau qui gangrène la société malienne. Il a pour nom le détournement et la délinquance financière à outrance.
D’ailleurs, un adage Bamanan nous le rappelle à merveille. «Chitanè bé wari nofè ka tama: Satan est le compagnon inséparable de l’argent. Les deux marchent ensemble en permanence». Lorsqu’on est chargé de partager l’argent entre les individus de provenance multiple, mieux vaut s’entourer de mille et une précautions. Aujourd’hui, la somme dévolue aux victimes se trouve dans cette situation.