Le groupe présidé par Laurent Wauquiez avance sur un « pacte législatif » avec la Macronie. Gérald Darmanin trouve l’option intéressante.
Le contraste est saisissant. Non seulement en raison de la taille des effectifs, arithmétiquement en faveur de la gauche au Parlement, mais au regard des gains potentiels que la droite pourrait obtenir de sa position. Alors que le Nouveau Front populaire ne cesse de se déchirer sur son incarnation à Matignon, attirant automatiquement la lumière médiatique, la droite menée par Laurent Wauquiez à l’Assemblée avance ses pions mezzo voce, peaufinant un « pacte législatif » qui sera bientôt proposé à la Macronie.
Dans Le Figaro, le député de Haute-Loire a posé les premiers jalons de ce plan, qui pourrait donner de l’air à un bloc central penchant à droite asphyxié entre la gauche et le Rassemblement national. « J’assume mes responsabilités : nous ne laisserons pas la France insoumise prendre le pouvoir », a-t-il déclaré, précisant que ce pacte vise à « débloquer la France dans les 100 jours ». Une sorte de programme resserré, qui place en haut de la pile de ses priorités « la revalorisation de la France du travail », via une baisse des cotisations patronales (qui figurait dans le programme de Valérie Pécresse en 2022).
« Aller vite »
« Nous voulons aussi œuvrer pour le choc d’autorité et de sécurité qu’attendent les Français, tout comme davantage de fermeté vis-à-vis de l’immigration, décrypte pour Le HuffPost le député LR de la Loire Antoine Vermorel-Marques. L’idée c’est de montrer que ça ne sert pas à rien de voter pour un député LR, qu’on est là pour avancer des propositions et répondre aux besoins urgents des Français. On est tous d’accord sur la nécessité d’aller vite. » Une volonté de se montrer aux manettes qui vise (aussi) à tirer profit de la position singulière du groupe présidé par Laurent Wauquiez : coincé entre la Macronie et le RN, mais assez doté en nombre d’élus (43 précisément) pour être aimablement traité par l’ancienne majorité présidentielle.
« On sait bien qu’ils ont besoin de nous. Il nous appartient de nous montrer responsables et en capacité d’agir pour le bien du pays, en faisant barrage à l’extrême gauche et en mettant nos propositions sur la table », résume Antoine Vermorel Marques, qui précise que cette offre, qui devrait intervenir d’ici deux jours, ne signifie pas coalition.
Au sein du camp présidentiel, la position du groupe présidé par Laurent Wauquiez trouve des oreilles attentives. Dont celles de Gérald Darmanin qui, selon Le Parisien et franceinfo, a fait savoir par message aux députés macronistes qu’il jugeait « très intéressantes » les propositions faites par la droite. « Pour moi les axes évoqués sont en grande partie ceux qu’il faut travailler », a également vanté le député du Nord, qui appelle à « travailler avec les LR sur le fond ».
LR au centre du jeu ?
De quoi placer au centre du jeu le groupe mené par Laurent Wauquiez, qui ne s’interdit pas d’avoir des ambitions pour la présidence de l’Assemblée nationale, qui sera mise au vote jeudi 18 juillet. Ce mardi, la députée LR Annie Genevard (par ailleurs secrétaire générale des Républicains) a officialisé sa candidature au Perchoir. « J’ai exercé pendant un mandat les fonctions de première vice-présidente et tous les groupes ont salué ma gestion de l’hémicycle. J’ai toujours veillé à traiter tous les groupes avec une grande impartialité et un grand respect de l’esprit de cette institution », a-t-elle indiqué à l’AFP.
Une option qui, là encore, trouve des défenseurs en Macronie. Cité par franceinfo, un élu du groupe Ensemble pour la République favorable à un rapprochement avec la droite résume ainsi l’équation concernant l’option Genevard : « Ça n’est pas gratuit, si on veut une coalition avec LR, il faut les payer cher ». En outre, lorsqu’on se souvient qu’Emmanuel Macron considère que la structuration de l’Assemblée nationale, et donc la coloration politique d’un perchoir dont Renaissance entend priver le NFP, influera naturellement sur le futur gouvernement, on mesure le rôle que pourraient jouer les élus de droite dans une telle configuration.
De l’autre côté de l’hémicycle, la gauche arrivée en tête au second tour des législatives, espérait mettre Emmanuel Macron sous pression et le pousser à nommer un Premier ministre issu du NFP. Incapable de s’accorder sur un nom et sombrant dans les règlements de compte en public, la coalition de gauche a, surtout, laissé le champ libre à la droite.