Il est indéniablement l’homme politique malien le plus audacieux et le plus en verve, mais souvent ambiguë dans ses propos. Il se prononce sur pas mal des questions intéressant la vie de la nation. L’ancien premier ministre Moussa Mara, puis que c’est de lui qu’il s’agit ne ménage ni son temps ni son énergie pour mettre le doigt sur la plaie béante de la gestion du pays pendant la transition, mais jette également l’opprobre sur les autres comme étant le blocage en disculpant les autorités de la transition. Pour lui certains n’attendent que l’échec de la transition, alors même qu’il reconnaisse que les autorités ne font pas assez pour rassembler les maliens, d’où son ambiguïté. Moussa Mara ira-t-il au fond de ses idées avec courage et en s’érigeant désormais comme l’une des alternatives crédibles à la gestion actuelle du pouvoir ? Parviendra-t-il à réunir autour de lui toute la classe politique et la société civile pour mener le combat de la démocratie et de l’Etat des droits ? Sera-t-il compris par le pouvoir ?
C’est au moment où la classe politique est véritablement vouée aux gémonies et réduite au silence, que l’ancien PM Moussa Mara, l’un des héritiers du régime défunt d’IBK, devient très audible et fait feu de tout bois. Il s’érige en opposant modéré, audacieux, mais ambiguë, en ce sens qu’il veut faire porter le chapeau de la désastreuse situation du pays à tout le monde, en divise la poire de la situation en deux surtout quand il affirme que ceux qui gardent silence, attendent tranquillement que la transition s’écroule, souhaitent ardemment son échec, font un pari dangereux pour notre pays. Cette phrase sonne comme une caresse dans le sens des poils des autorités en chargeant la classe politique et la société civile. Et pourtant la classe politique, la société civile, les leaders religieux avaient tous appelé à l’union sacrée autour des objectifs de la transition. Les Assises Nationales de la Refondation, ANR en sont la preuve irréfutable de ce vœu pieux des forces vives du pays, mais leur souhait s’est butté à l’opposition farouche de la branche politique de la transition incarnée par le PM actuel Choguel K Maiga. Ce dernier, censé rassembler la classe politique n’a posé aucun acte allant dans ce sens, bien au contraire il a même divisé sa propre famille politique qui est le M5 RFP. Donc la volonté d’aller à une union sacrée a toujours été affichée par toutes les forces vives de la nation, classe politique, société civile.
Ce qu’il faut reconnaitre à l’ancien PM Mara c’est surtout son audace à dire plus haut ce que certains murmurent plus bas. En effet, depuis bientôt six mois il a décidé de monter au créneau pour se battre non contre le régime transitoire, mais pour le respect des engagements afin de sortir le Mali du bourbier dans lequel il est plongé depuis plus de trois ans. Dans toutes ses prises de parole il dit soutenir la transition et demander à tous les maliens de la soutenir car, martèle-t-il, l’échec de la transition sera l’échec du Mali. Au-delà de ce discours éminemment politique l’ancien PM n’a pas porté de gant pour critiquer de façon acerbe le bilan de la transition et du coup exhorté les autorités à prendre conscience du péril et à parer au plus pressé pour sortir le Mali de la situation exceptionnelle. Dans un appel pour sauver la transition l’ancien premier ministre Moussa a fait un diagnostic sans complaisance de la situation. Le pays est confronté à des nombreux défis, dit-il, qui sont en train d’étouffer progressivement la transition et par finir le pays. Le premier défi est celui de la paix au nord et ailleurs dans le pays. Si Mara a salué l’initiative d’un dialogue inter maliens proposée par le Président de la transition lors de son adresse à la nation au seuil du nouvel an, il n’a pas manqué de parler du format de ce dialogue qui doit concerner tous les maliens y compris ceux qui ont pris les armes contre le Mali, à savoir la CMA qui s’est mue en CSP et même les djihadistes pour obtenir leur retour dans l’ensemble national. Le second défi pour le PM Mara et qui menace clairement la réussite de la transition est la pénurie d’énergie qui frappe notre pays et qui se traduit par des coupures d’électricité aux conséquences très négatives sur le plan économique, mais aussi social. Aucune solution à court terme ne pointe à l’horizon, or face à la période de chaleur dans les semaines à venir, dans le contexte du ramadan ou simplement devant l’impossibilité de travailler il y a un risque réel de soulèvement populaire. Moussa Mara n’a pas manqué d’évoquer les difficultés financières du pays avec tous les micmacs faits par les autorités pour faire face à leurs obligations. Harcèlement financier des banques, le recours important au marché financier régional dans des conditions très restrictives. Que dire des restrictions et autres atteintes à la liberté d’opinion, tout comme les actions de dissolution à l’encontre des partis politiques du fait d’émission d’opinion ? Moussa Mara condamne et s’érige en défenseur de toutes les formes de liberté. Le premier ministre Mara s’inquiète de la non tenue des élections en 2024 pour un retour à l’ordre constitutionnel. Pour lui aucun signe n’indique la fin de la transition. Pas de budget, encore moins de chronogramme, alors même qu’il a été indiqué il y a quelques mois de cela qu’il y aura seulement un léger report. L’ancien PM reconnait la mise à l’écart des acteurs sociopolitiques par les autorités.
En définitive, l’ancien PM en appelle au sursaut pour sauver la transition. Pour M Mara la seule alternative pour sauver le Mali d’un effondrement serait un large consensus autour des objectifs prioritaires et dans un délai raisonnable. Il devrait en conclure, après avoir dressé le tableau peu reluisant, en adressant un appel solennel et responsable aux autorités pour beaucoup plus d’ouverture afin de sortir de l’autarcie, du mépris, et de l’unilatéralisme.
Youssouf Sissoko