La France vient de suspendre les financements de l’aide publique au développement en direction du Mali. Ces financements ont représenté près de 121 millions de dollars en 2020, soit près de 76 milliards de FCFA (environ 0,5 % du PIB). Selon la France, cette décision de la suspension de l’aide a été prise en raison du recours au groupe paramilitaire russe Wagner par les autorités maliennes au pouvoir. Le gouvernement malien avait démenti la présence de Wagner sur son territoire et riposte en interdisant toutes les actions (y compris l’humanitaire) des Organisations Non Gouvernementales (ONG) auprès de la population malienne. Dans ce flou artistique et cette relation bilatérale nébuleuse entre les deux pays, on se demande quelles sont les conséquences économiques de l’aide publique au développement et quelles sont les perspectives pour les autorités maliennes afin de neutraliser les conséquences de cette suspension ?
Selon l’ONU, la situation humanitaire au Mali, en proie à l’insécurité et aux chocs climatiques, est préoccupante. L’organisation estime que 7,5 millions de personnes dans le pays ont besoin d’assistance humanitaire en 2022 (soit plus de 35 % de la population malienne), 4,8 millions sont en situation d’insécurité alimentaire alors que 1 664 écoles sont non opérationnelles, soit 16 % des écoles du pays. Le paradoxe est que cette situation s’accentue depuis plusieurs années, malgré les financements multiples de l’aide publique au développement. D’ailleurs, cette dernière n’a cessé d’augmenter sur les dix dernières années. Donc, plus l’aide publique au développement augmente, plus l’insécurité alimentaire progresse. On peut avoir plusieurs explications, soit les fonds sont détournés ou il y a une mauvaise allocation des ressources auprès des acteurs, soit les fonds sont insuffisants pour amorcer le véritable développement. Mais, les financements sont sous supervision des bailleurs de fonds. Ce qui veut aussi dire qu’il y a peu de corruption sur ces fonds, dans tous les cas, cette aide publique au développement ne marche pas car le bilan est négatif depuis des années.
En termes de perspectives, l’ancien président Amadou Toumani Touré aimait également rappeler que la main qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne. La richesse au Mali n’est pas que dans le sous-sol, elle est aussi sur son sol, des ressources humaines qui méritent bien mieux que le discours récurrent sur le « toujours quémander en permanence » et qui méritent surtout bien plus de considération et d’attention de la part de leurs propres dirigeants. Aucun pays n’aide gratuitement un autre pays. Tout est question d’intérêts et chaque partie essaye d’en tirer le meilleur profit. Dans un pays sérieux en voie de développement, les autorités doivent mettre en place des politiques économiques sérieuses intégrant des plans d’urgence pour l’insécurité alimentaire. L’indépendance financière, la souveraineté et la culture de l’excellence sont des notions à instaurer dès l’enseignement primaire.
Amadou SY