La Russie a annoncé officiellement l’arrestation au Tchad de trois de ses concitoyens, et d’un Bélarusse, des interpellations qui tranchent avec le rapprochement entre Moscou et N’Djaména des derniers mois, sur fond d’affaiblissement de la position de la France au Sahel.
« Les 19 et 21 septembre à N’Djaména, les autorités de la République du Tchad ont arrêté trois citoyens russes: MMM. Chougaleï, Souèïfane, Tsariov, et un citoyen du Bélarus, M. Denisévitch », a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères lundi soir.
Le ministère russe n’a pas précisé les motifs de ces arrestations, mais dit avoir « pris les mesures nécessaires pour assurer (leur) libération rapide » et avoir établi « des contacts étroits sont maintenus avec les autorités compétentes ».
Selon l’agence de presse d’Etat russe TASS, MM. Chougaleï et Souèïfane sont des sociologues, mais le premier est sous sanctions européennes pour ses liens avec l’ancien patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, dont l’organisation est très présente en Afrique.
Bruxelles l’accuse également de mener des « campagnes de désinformation » pour le compte de Moscou.
Ces arrestations interviennent alors que Moscou et N’Djaména se sont fortement rapprochés ces derniers mois, la Russie profitant de la position affaiblie de la France, ancienne puissance coloniale, au Sahel.
Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno avait ainsi qualifié le Tchad et la Russie de « pays frères » lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Moscou en janvier, et le maître du Kremlin avait promis d’aider son homologue à « stabiliser la situation » dans son pays.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait conclu début juin une mini-tournée en Afrique en passant par le Tchad, promettant de renforcer « la coopération » économique et militaire avec N’Djaména.
La Russie mène en Afrique depuis plusieurs années une offensive diplomatique pour y supplanter les puissances occidentales.
Isolée sur la scène internationale et en quête d’alliés, elle y a décuplé ses efforts depuis son offensive contre l’Ukraine en février 2022.
Le Tchad est l’une des dernières pièces manquantes au puzzle que Moscou essaie de construire dans le Sahel, ex-sphère d’influence de la France mais dont l’armée s’est fait expulser au profit de la Russie dans trois pays.
Etat pauvre et enclavé de près de 18 millions d’habitants, le Tchad est le dernier du Sahel à héberger des soldats français, mais une réduction importante des effectifs sur place est prévue.