Moscou se tourne de plus en plus vers les échanges en devises nationales pour vendre son pétrole et son gaz à ses partenaires. Une stratégie qui semble donner des idées à d’autres puissances régionales.
Pour une poignée de dollars. Ces derniers mois, la Russie a entrepris diverses opérations pour ne plus commercer avec la devise américaine dans le secteur énergétique. Au point qu’aujourd’hui les règlements de ce type se sont réduits à peau de chagrin, a déclaré Alexandre Novak, vice-Premier ministre russe dans un entretien à la chaîne Russie 1.
“Les tendances vont vers la réduction de l’utilisation des dollars et des euros […] Nous passons presque exclusivement aux monnaies nationales. Nos partenaires en Chine paient déjà le gaz en yuans, ainsi qu’une partie du pétrole. Ils paient aussi en roubles. Nous continuerons à améliorer ces règlements mutuels en monnaies nationales”, a-t-il expliqué.
Le responsable a souligné que ces mécanismes étaient nécessaires face à la forte demande en énergie russe et aux sanctions prises par l’Occident. Il a ajouté que la tendance devrait continuer à s’inverser en faveur des monnaies nationales.
La Chine tente un coup
D’autres puissances économiques semblent vouloir suivre l’exemple de Moscou et secouer le joug du dollar dans le règlement des livraisons énergétiques. Fin mars, la Chine a ainsi acheté 65.000 tonnes de GNL (gaz naturel liquéfié) aux Émirats arabes unis et a payé en yuans. Une première, symptomatique de la volonté de Pékin de secouer le joug de l’hégémonie du dollar.
L’Empire du milieu a d’ailleurs créé une plateforme spéciale pour favoriser les règlements énergétiques en yuans, le Shanghai Petroleum and Natural Gas Exchange (SHPGX), dont une branche est dévolue au GNL.
En décembre, le Président chinois, Xi Jinping, avait d’ailleurs invité les pays du Golfe à utiliser cette plateforme pour vendre leur énergie en yuans à Pékin.
L’Inde semble également s’intéresser à ces processus de dépolarisation. New Delhi a ainsi récemment présenté sa nouvelle politique de commerce extérieur, qui prévoir de mettre le paquet sur la roupie pour en faire une monnaie mondiale, au détriment du dollar.
Fin mars, Vladimir Poutine avait quant à lui déclaré que le yuan était une alternative crédible pour le commerce entre Moscou et les pays africains.