Pourrait-on imaginer un équilibre entre la Presse dans son exercice et la Communication gouvernementale, dans le contexte actuel de la transition ?
La Liberté de la Presse, est une liberté accordée aux journalistes et auxiliaires des médias, à exercer sans contrainte aucune, leur métier, qui consiste à faire la quête, le traitement et la diffusion des informations. Alors que la Communication politique se définit, comme celle qui consiste à défendre, toutes les actions gouvernementales, en donnant de la lisibilité et de la visibilité à celles-ci. A cet effet, elle travaille sur les discours, les faits et gestes du gouvernement pour mieux les promouvoir. L’objectif recherché, est de parvenir à convaincre la population en général, et le peuple en particulier, à adhérer à tout ce que dit, et fait le gouvernement.
L’Equilibre, est la part de raisonnement qui tient compte de tous les points de vue, pour aboutir un jugement, une action ou une réaction, qui arrange toutes les parties. Le Contexte fait référence aux événements ou actions qui ont lieu, ou qui se déroulent dans un temps ou une période précise. C’est bien le cas actuel de la Transition malienne.
A la faveur de ces définitions, il se présente clairement à nous, la question de la liberté de la presse face à la communication gouvernementale. En d’autres termes, la période transitoire pourrait-elle concilier la liberté de la Presse et la communication gouvernementale ? Le contexte devient ici très capital, pour les angles de nos analyses. Cela, dans la mesure où, les exercices des journalistes et des hommes des médias se réfèrent tous, au contexte actuel de la transition.
Les journalistes traitent depuis le 18 Août 2020, l’actualité nationale, en explorant tous les thèmes parmi lesquels, la question des rapports du gouvernement de la Transition avec les partis politiques, la société civile, les enseignants, les organisations religieuses, la population etc. De même, journalistes traitent des relations du gouvernement de Transition avec la communauté internationale dont : la CEDEAO, L’UEMOA, UNION EUROPEENNE, LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTTALES. Les relations du gouvernement de Transition avec les pays du monde, dont la France et la Russie. Les journalistes dans leur exercice, explorent les sujets aussi simples, que complexes, dont la question de la cherté de la vie, de la justice, de l’insécurité sur le territoire national, la lutte contre le terrorisme et le djihadisme, le respect du chronogramme de la Transition, l’organisation des élections en 2024, le bilan de la Transition, le projet de la révision constitutionnelle, les délestages etc. Les journalistes dans leur liberté, traitent ces sujets à la faveur de leurs lignes éditoriales, de leurs appréciations et de leur conscience professionnelle. Mais sont-ils toujours appréciés par les détenteurs et responsables de la communication gouvernementale ? La réponse affirmative est très difficile à donner ici, dans la mesure où les logiques ne sont pas les mêmes.
En effet, les journalistes diffusent toutes les informations, qu’ils trouvent nécessaires et utiles à mettre à la connaissance des populations, de l’opinion, nationale et internationale.
Alors que de leur côté, ceux qui ont charge la communication gouvernementale, se préoccupent plutôt de la nature de l’information à mettre à la disposition des populations, de l’opinion nationale et internationale.
Sur des sujets très sensibles, tels que : les relations de gouvernement de la Transition avec l’Etat français ; l’intervention des forces armées dans les villes et villages ; les mandats d’arrêt lancés contre les leaders politiques en exil, les journalistes et les hommes en charge de la communication du gouvernement n’ont pas la même perception. Ils ne partagent pas souvent les mêmes angles de traitement. Et les avis divergent à ce niveau. Il y a même souvent, de la rupture des visions sur certains sujets sensibles.
Les communicants du Gouvernement, dans leur mission, veulent obligatoirement convaincre, rassurer, tranquilliser et encourager les populations, au sujet de la gestion des problèmes d’intérêt national. De même, ils veulent que les populations apprécient positivement, la vision du gouvernement, en cette période de Transition. Ils veulent également que les populations adhèrent aux décisions du gouvernement, quelles que soient les situations. Le projet de la révision constitutionnelle en est un exemple concret.
Sur ce sujet, les responsables de la communication gouvernementale, se préoccupent des intérêts politiques et surtout du respect du choix du gouvernement. Alors comment ces deux entités peuvent-elles parvenir à un équilibre sur les sujets à traiter ? Il faut noter avec insistance que l’équilibre n’est pas toujours facile à espérer. Cependant, il convient de prendre du recul et apprécier les sujets hautement sensibles, qui peuvent mettre en mal, le pays. Il y a effectivement des situations difficiles et complexes qui engagent la vie de toute la nation et des populations. De telles situations, font appel à la conscience professionnelle, et imposent beaucoup plus le sens élevé des journalistes, pour éviter d’être vus comme étant ennemis des autorités, voire ennemis de la nation.
Les journalistes ne doivent pas non plus jouer le jeu de tous ceux qui mettent en danger la vie de la nation. Par exemple, les djihadistes, terroristes et autres criminels sans foi ni loi. Sans toutefois renier les règles du métier, les journalistes doivent éviter d’être obstacles au pouvoir de la Transition, sous l’angle de toute complicité avec les ennemis du pays.
En vérité, pour que cela se fasse dans le sens de l’équilibre, il revient aux responsables en gestion de la communication gouvernementale, de savoir convaincre les journalistes, en leur fournissant les informations utiles et nécessaires. Ils doivent collaborer avec les journalistes en leur facilitant l’accès aux informations et aux responsables et dirigeants de la Transition. Ceux qui gèrent la communication gouvernementale, doivent dans leur mission, considérer les journalistes comme de vrais partenaires et non comme des ennemis ni des cibles à abattre.