«Il est évident, même pour l’observateur le moins averti, que la justice de notre pays traverse, depuis quelques années, une crise profonde liée surtout à l’immixtion de l’Exécutif, à l’inadéquation des textes de loi et à l’insuffisance des moyens humains et matériels».
Le constat est du juge Ibrahima Hamidou Dème, président du parti ETIC (Ensemble pour le travail, l’intégrité et la citoyenneté). Au cours une conférence de presse tenue ce dimanche 28 janvier 2024 à Thiès, en perspective de l’élection présidentielle du 25 février 2024, le magistrat pense que « la nécessité d’une réforme d’ensemble du système judiciaire et du système pénal ne saurait être discutée ».
En effet, souligne-t-il, « le malaise actuel de la justice ne saurait être résolu par des réformettes et des demi-mesures, à rebours des chantiers de fond tant attendus ».
Pour sa première prise de parole publique, suite au processus de sélection conduit par le Conseil constitutionnel, le juge Dème a pensé devoir partager, avec ses concitoyennes et concitoyens, son « diagnostic » sur « la réforme de la justice » qui lui semble être « probablement le plus grand chantier de notre prochain président ».
« En effet, l’importance de la justice, sa place centrale dans notre démocratie et le rôle essentiel qu’elle joue dans l’équilibre de la société ne saurait être discutée. Il n’y a pas de paix, de démocratie, de développement, de liberté et d’équité si la justice n’est pas libre. C’est pourquoi l’indépendance de la justice, c’est-à-dire l’absence de toute soumission des magistrats à des pouvoirs extérieurs dans l’exercice de leur fonction juridictionnelle, doit être une constante préoccupation ».
Pour lui, « il faudra, dans une approche holistique, faire des propositions pratiques pour garantir l’indépendance des magistrats, l’accès à la justice, la célérité des procédures, le respect des droits des justiciables et l’équilibre entre les parties. Pour être efficace et efficiente, cette réforme doit être accompagnée de moyens humains et matériels adéquats. Il s’agira de réformer le Conseil constitutionnel et le Conseil supérieur de la magistrature, de réformer la politique pénale, d’abroger certaines dispositions légales attentatoires aux libertés individuelles et aux droits humains, et de procéder à un recrutement exceptionnel de magistrats, d’avocats, de greffiers, d’éducateurs spécialisés, d’assistants sociaux et d’agents pénitentiaires ».
Il apparaît donc clairement, aux yeux du leader de l’ETIC, que « si la justice compte toujours jouer son rôle de régulateur social, bénéficier de la confiance des justiciables, qu’ils soient demandeurs ou défendeurs, parties civiles ou prévenus, elle ne doit pas faillir à sa mission fondamentale d’une justice indépendante et impartiale, accessible et efficace ».